Aujourd'hui je ne vous dirais qu'une seule chose... Foncez sur le blog de Dominique Dumollard, auteur de Utopies...
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Elisabeth Robert: Te Souviens-Tu de Nous ?
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Elisabeth Robert: Au-delà des regards
Plus distribué.
Aujourd'hui je ne vous dirais qu'une seule chose... Foncez sur le blog de Dominique Dumollard, auteur de Utopies...
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Rédigé à 21:04 dans L'interview In de la semaine! | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Retrouvez cet interview sur le blog des éditions Pietra Liuzzo.
Liza est née le 31 mars 1954 à Douai (Nord) de parents émigrés siciliens, elle a vécu à l'ombre des terrils jusqu'à l'âge de douze ans.
La lecture et l’écriture la distingue tout au long de sa scolarité prometteuse. Elle découvre en paralléle son goût pour la scène et le théâtre aux premières sorties scolaires.
Elle restera à Lallaing (59) jusqu'à mes 12 ans, en 1966.
Puis, le soleil du Vaucluse à Cavaillon (84) réchauffe son adolescence. La fréquentation quotidienne de la Maison des Jeunes et de la Culture lui donne l’occasion de pratiquer tous les ateliers : guitare, dessin, danse modern’jazz, photo, théâtre… Elle a toujours détester l’inactivité !
Une opportunité lui permet de se laisser embarquer dans la galère d'une compagnie théâtrale en Avignon.
Dix années de création théâtrale, de festival off et de tournées. Un amoncellement de souvenirs, de rencontres, d'espoirs. Dix années de passions.
Et puis la rencontre fatale, celle d'une autre passion. Amoureuse, elle abandonne sa famille théâtrale. "Il n'y a pas d'amour sans sacrifice" est le titre d'une de ses nouvelles, publiée chez REFLETS NOIRS, dans le recueil collectif "NOIRS VENINS" écrit avec Sylvain Pettinotti, Véronique Aumaître et Jean Pierre Petit.
Les aléas de la vie l’entraînent sur Aix en Provence, puis sur Embrun où elle réside désormais.
Le diagnostic d’une maladie auto-immune, neuromusculaire, dégénérative, la poly-dermatomyosite, la plonge d’emblée dans un combat contre le temps, et la contraint à l’inactivité. Aller à l’essentiel devient son obsession : écrire ! Elle exprime alors par l’écriture tout ce qui l’étouffe et la tourmente. Mais aussi tout ce qui fait le charme et le piquant de la vie. L’humour est une arme contre sa propre peur et la dérision permet de relativiser et de détourner l’angoisse. Ses écrits reflètent ainsi son envie de colorier le gris.
-Comment vous êtes-vous mis à l'écriture ? Qu’est-ce qui vous a poussé à coucher des histoires sur le papier ? Le vécu, l’imaginaire ?
Depuis mon enfance je suis amoureuse des cahiers et des crayons qui me permettaient d’entrer dans un autre monde, celui de l’imagination. Les mots ont peu à peu remplacé les dessins. Cahiers et crayons sont donc devenus mes amis dès que j’ai acquis la faculté d’écrire. Chose qui est arrivée très vite et facilement. Je me souviens avoir exigé de mes parents l’achat des cahiers de vacances. Il était impensable pour moi de ne plus avoir ni cahiers, ni crayons, même en vacances, au camping de Berck-Plage où nous allions tous les ans. A cette époque-là, les années 60, nous vivions près de Douai, dans le Nord de la France, où mon père était mineur de fond. J’avais entre sept et douze ans. J’aimais récolter sur mes cahiers les souvenirs que je devais raconter à mes petits voisins moins chanceux qui ne partaient jamais en vacances. Petites histoires sans queue ni tête, petites nouvelles où je mêlais vécu et imaginaire juste pour leur faire plaisir. Mon grand regret est d’avoir perdu ces cahiers lors d’un déménagement qui nous a conduit en Provence. J’avais alors 12 ans.
C’est là, en Provence, que la poésie est alors venue s’ajouter à l’écriture des petites nouvelles. La poésie pour dépeindre la tristesse de « l’exil »…
Quel que soit l’endroit que l’on quitte, même le Nord, il y a toujours un déchirement au fond du cœur des petites filles.
-Avant d’être publié, diriez-vous que vous avez vécu un réel parcours du combattant ?
Pas vraiment.
J’avais envoyé une première mouture de mon premier roman L’Ange de Rio à quelques grandes maisons d’édition. Sans succès évidemment. Ces premiers refus finalement ont été révélateurs pour moi. J’ai complètement réécrit le roman et comme je venais d’ouvrir un blog, j’en ai publié des extraits. Mon blog contenait aussi une catégorie pour les poèmes. Et c’est ainsi que l’aventure de l’édition a commencé pour moi. Un jeune éditeur québecquois m’a contactée pour que je publie chez lui. Poèmes et roman. Ensuite, 2 contes illustrés pour enfants.
-Quelle est votre méthode de travail ? Vous préparez un plan, des fiches avec les personnages, savez-vous toujours où vous allez ? Le temps que vous consacrez à écrire ?
Tout d’abord, je me force à être bien documentée selon le sujet que je traite. Avec Internet, c’est devenu facile. Plus besoin de se déplacer en bibliothèque pour rechercher livres ou articles. Pour le moment, pour mes deux romans, L’Ange de Rio et 1943 - Un été sicilien je n’ai pas eu besoin de faire de plan. Les chapitres s’imposaient d’eux-mêmes au fur et à mesure que l’intrigue avançait ! Parfois c’étaient les personnages eux-mêmes qui me dictaient la progression du roman ! Ils étaient tellement autoritaires, avaient tant de caractère, que je ne pouvais faire autrement que de suivre leurs désirs d’action. Il faut vous avouer cependant que ces deux romans sont largement inspirés de faits réels ! Faits réels romancés et saupoudrés de fiction pour que l’imaginaire y trouve son compte ! Alors, oui, je savais où j’allais mais parfois je me faisais surprendre par un déroulement inattendu de l’action. Ce qui n’enlevait rien à l’intérêt de l’histoire. Au contraire ! Cette situation m’a émoustillée plus que dérangée.
Le temps consacré à l’écriture est parfois moins long que le temps que je passe à élaborer un projet d’écriture. Je m’explique. Si un sujet m’intéresse, je le mûris longuement en y pensant jour après jour. En prenant des notes, ou en lisant tout ce qui peut se trouver sur lui. J’élabore mentalement un vague plan. Mais lorsque j’entame l’écriture, la durée de création peut être de l’ordre de trois ou quatre mois, à raison d’une écriture quasi quotidienne. Parce que j’ai longuement mûri en moi la trame de mon projet. Alors lorsque je me lance dans l’écriture, c’est le moment le plus jouissif, celui que je préfère à tout autre moment. Ensuite vient le plus fastidieux : les lectures et relectures pour repérer les éventuelles invraisemblances ou erreurs de syntaxe. Heureusement pour moi, l’orthographe n’est pas le souci majeur.
-Comment vos proches vivent le fait d’avoir un auteur comme parent, ami ?
Mes trois frères, plus jeunes que moi, semblent être fiers de leur grande sœur. L’un deux a deux filles qu’il encourage à l’écriture. Les petites nouvelles écrites par mes nièces me font le plus grand des plaisirs lorsqu’elles me parviennent. Elles me ramènent à mon passé de petite fille. Un autre de mes frères, grand lecteur, est fan. Il vend pas mal de mes livres auprès de ses relations et amis et attend toujours impatiemment le prochain.
Mon neveu Julien a dix-huit ans. Son désir, son rêve, est de devenir réalisateur et il me demande constamment de l’aider dans l’écriture de scénario.
Malheureusement, à mon très grand regret, mes parents sont partis trop tôt pour me voir publiée. Quel plaisir et quelle revanche sur la vie c’eut été pour eux, modestes émigrés siciliens.
-Lorsque vous écrivez, faites-vous relire à des proches au fur et à mesure? Est-ce que leurs réactions, réflexions peuvent vous amener à modifier le cours de votre développement?
Mon mari est le premier lecteur. Le premier juge. Terrible car exigeant. Son avis est important pour moi. Je tiens compte de ses conseils mais je n’obéis pas toujours à ses demandes. Je tiens à rester fidèle à mon instinct, mes idées, et à ne pas me laisser influencer même par les meilleures intentions.
-Croyez-vous un jour pouvoir vivre de vos écrits ?
Franchement je ne me fais pas d’illusions. A moins d’être la découverte de l’année et de faire la une de tous les médias le temps d’une promotion, je ne crois pas que mes livres m’apportent un revenu digne de ce nom ! Heureusement que l’écriture m’apporte un autre enrichissement. Le temps que je passe à l’écriture m’apporte tant de plaisir que je m’estime déjà bien heureuse de pouvoir pratiquer une telle activité.
-Que pensez-vous de la publication en ligne ?
Je dois dire que c’est grâce à la publication en ligne des extraits de roman ou des poèmes sur mon blog, que l’aventure a commencé ! Cependant personnellement je préfère encore lire de vrais livres en papier. Je me fatigue vite à la lecture en ligne, sans doute lassée par des heures d’écran sur traitement de texte ou internet.
-Que pensez-vous des séances de dédicaces ?
J’adore ! La rencontre avec les lecteurs est un moment délicieux ! J’ai publié entre autres un livre témoignage sur une maladie auto-immune (Ma poly-dermatomyosite, je préfère en rire) et bon nombre de mes lecteurs atteints comme moi, m’ont fait le plaisir d’une rencontre pour me remercier d’avoir mis des mots sur leurs maux. D’avoir pu exprimer ce qu’ils ressentaient eux aussi mais qu’ils n’avaient pas osé partager.
Pour les autres livres, c’est pareil. Echanger avec les lecteurs permet de mieux appréhender ce qu’ils attendent d’un ouvrage. C’est là, lors de dédicaces, en rencontrant les lecteurs que l’on se rend compte que nous n’existons en tant qu’auteur que grâce à eux.
-Trouvez-vous encore le temps de lire?
La lecture étant mon autre passe-temps favori, je trouve toujours un moment, malgré la difficulté (le temps est finalement la notion qui me manque le plus). Mais je lis très vite. Je peux avaler un livre en deux ou trois heures.
-Quels sont les auteurs que vous admirez ? Votre livre de chevet ?
Emile Zola dont j’ai presque tout lu. Maupassant pour le côté fantastique. Edgar Allan Poe également. Les grands poètes comme Baudelaire, Rimbaud, René Char, plus proche de nous.
Mais aussi René Barjavel, Eliette Abécassis dont le roman « Qumran » m’a fortement impressionnée, et toutes sortes de « jeunes auteurs » dont le talent mériterait d’être reconnu, mais la liste est trop longue…
Mon livre de chevet, c’est la Bible. C’est un puits inépuisable d’idées et de leçons.
-Côté musique, avez-vous une tendance particulière ?
Lorsque j’écris j’aime être plongée dans une ambiance musicale. Selon les moments, je peux écouter nos grands auteurs paroliers tels que Brel et Ferré, ou bien de la musique classique, Rachmaninoff en particulier. Ou encore Enya. Vous voyez, mes goûts en fait sont très éclectiques.
-Si vous n’aviez pas pu être édité, auriez-vous continué à écrire malgré tout ?
Evidemment ! J’écris depuis mon enfance. A cette époque-là je n’avais même pas idée d’être publiée. C’est un besoin. Inexplicable. L’écriture est nécessaire à mon équilibre. C’est comme une hygiène de vie. Ne plus écrire serait trop douloureux. Je ne peux expliquer pourquoi.
- Pouvez-vous nous parler de votre dernier ouvrage ? Votre actualité ?
Ma dernière publication sort des presses de l’imprimeur.
Il s’agit de mon deuxième roman «1943 – Un été sicilien, ou les enfances en guerre».
J’ai récolté anecdotes et souvenirs de cette période (la seconde guerre mondiale) auprès des membres de ma famille sicilienne, pour élaborer une fiction romancée autour du débarquement des alliés (américains, anglais et canadiens) sur les côtes siciliennes en juillet 1943.
Plusieurs séances de dédicaces sont prévues dans les semaines et mois qui viennent.
Et cerise sur le gâteau : mon premier salon du livre à Paris les 15 et 16 Mars 2008 ! Grâce aux Editions Pietra Liuzzo !
- Avez-vous des retours de lecteurs ?
Le tout premier chapitre de ce roman avait déjà été publié aux Editions Pietra Liuzzo dans un recueil de nouvelles «Les bouquets de tulipes». Il s’agit de la nouvelle intitulée «La foire aux bestiaux» qui semble avoir plu puisque j’ai eu des commentaires ou des mails forts sympathiques de certains lecteurs. Je reçois aussi régulièrement les ressentis de mes lecteurs en commentaires sur mon blog THEATRE MA VIE.
-Qu’est-ce que cela vous a apporté de voir votre livre exister ?
La satisfaction d’un travail terminé. Achevé. L’aboutissement normal d’une période créatrice. La sensation agréable qu’il est temps de passer à autre chose, de se lancer dans l’écriture d’un autre projet. Et aussi le plaisir d’être soutenue par l’éditeur qui a cru en vous.
http://theatremavie.canalblog.com/
http://langederio.over-blog.com/
http://flammesdame.canalblog.com/
Rédigé à 15:23 dans L'interview In de la semaine! | Lien permanent | Commentaires (8) | TrackBack (0)
Jo Ann von Haff est une auteure de celles que l’on n’oublie pas…
25 ans, la peau dorée par le soleil, née en Angola, elle a fait ses premiers pas à Cuba.
Une voyageuse, une nomade rêveuse qui ne cesse d’aller de l’avant, des origines allemandes, portugaises, espagnoles et namibiennes !
A son actif déjà 4 ouvrages et un 5ème en chantier, des poèmes, un blog et beaucoup d’enthousiasme!
Une jeune femme avec une personnalité attachante et exigeante, lectrice elle aime à noter chaque ouvrage et ne se laisse pas aller aux compromis.
-Jo Ann, qu’est ce qui t’a décidé à prendre la plume pour la première fois ?
J’ai pris la plume par pur mimétisme.
Préadolescente, je griffonnais quelques strophes et j’étais très fière de moi ! En 6ème, ma meilleure amie, une Anglaise qui me fascinait, écrivait de très longs poèmes. Je me suis dit, pourquoi pas moi ? Lorsque je suis arrivée en 5ème, j’avais déjà un grand nombre de poèmes en portugais à mon actif.
Pourtant, même si j’ai commencé par la poésie, j’ai développé très vite un plus grand goût pour inventer des histoires. J’ai tout de suite commencé par des romans à l’âge de 14 ans. Je n’ai pas débuté avec des contes ou des nouvelles. Pour ça, j’avais les rédactions à l’école !
A l’âge de 16 ans j’avais écrit mon premier «vrai» roman qui s’appelait «Sangue Azul» (Sang bleu : sang royal). Un conte de fées moderne avec des princes et des princesses européens !
-Comment écris-tu ? La nuit ? Le jour ? Dans les transports ?
J’écris la nuit presque exclusivement. J’écris de grandes lignes sur papier, je fais de grands schémas familiaux, des liens entre mes différents personnages, j’écris la carte d’identité de chacun d’eux…
La préparation d’un nouveau roman m’excite, toutes les idées étranges me passent par la tête. Avec le temps, je choisis les plus simples ;-)
Ensuite, je m’attaque à la mise en page. Je retape tout ce que j’ai écrit sur Wally (mon ordinateur), je peaufine, je modifie, le deuxième jet peut être très différent de celui que j’ai écrit sur papier.
Il y a une exception, c’est lorsque je participe au NaNoWriMo (nanowrimo.org), ce défi international qui consiste à écrire 50 000 mots en 30 jours à peine au mois de Novembre.
Même si j’écris surtout la nuit, je tape directement sur Wally. Il n’y a pas de temps à perdre et il faut toujours mettre le compteur de mots à jour.
J’ai toujours voyagé (train ou avion) avec des livres de brouillon parce que mes idées viennent souvent dans le désordre et je veux être à l’aise pour écrire quand ça me vient, peu importe où je suis. Ce qui n’est pas très pratique lorsque les déplacements se limitent au tramway ou au RER. Alors, en juillet 2006, lorsque je prenais mon petit-déjeuner à la Gare Centrale d’Amsterdam avec ma cousine, elle a jugé bon de m’offrir un carnet de la taille de mon passeport qui avait une corde qui s’enroulait tout autour que je pouvais garder dans mon sac à main le plus petit. C’était une idée géniale qui m’a beaucoup touchée. J’ai attendu de rentrer dans le train et de laisser ma cousine sur le quai pour m’y mettre immédiatement.
-Acceptes-tu facilement la critique ?
Je ne peux pas dire que j’accepte « facilement » la critique, mais j’accepte. Il me faut du temps pour digérer (une semaine ?) pour ne pas réagir à chaud (je fais ça aussi avec les e-mails !), mais après je prends note pour mes prochains travaux. J’ai envoyé une nouvelle pour la Revue des Ressources en Octobre/Novembre dernier, et les lecteurs ont écrit leurs avis (et refusé, bien sûr ;-)).
Mais même si pour quelques critiques on a mal, il faut être honnête avec soi-même. Beaucoup des mauvais points qu’on m’a donnés, je savais que c’était 100% vrai ! A moi de bosser.
J’ai réécrit la nouvelle, gardant mes propres rythme et envie, tout en me corrigeant et notant soigneusement les progrès à faire.
C’est comme ça que ça marche, et puisque je suis un tantinet perfectionniste, j’essaie vraiment de bien faire.
-Que pensent tes proches de ta passion ?
On m’a toujours vue en train d’écrire. A la maison, à l’école. Je l’ai toujours fait, et mes parents pensaient que c’était un hobby. Aujourd’hui, je travaille dur pour me faire un nom par moi-même, cesser d’être «fille de», pour m’améliorer non seulement en technique comme en trame. Et ma famille est très fière de moi, mes parents surtout. C’est touchant. Moi qui pensais être un échec ambulant, ça me soulage.
Une fois j’ai dit à mon père que je ne serai plus sa fille et que ce sera lui, le « père de »… Il a répondu qu’il l’espérait bien…
-Penses-tu pouvoir en vivre un jour ?
Bien sûr que je vivrais de l’écriture !
Et pour ceux qui pensent que je suis trop naïve, c’est qu’ils ne savent pas ce que je sais J
-« Croire en soi », est-ce pour toi un leitmotiv ?
Tous les jours je me dis «je vais y arriver», «cette année est la mienne», «tout ira très bien».
Tous les jours, tous les jours. Et si je ne me le dis pas, je le pense très fort ! :-D
Je crois dur comme fer que pour que les rêves se réalisent, il faut se le répéter souvent et lutter pour.
-Ton enfance n’a pas été facile, tu as côtoyé les bidonvilles, la misère… Qu’en ressort-il aujourd’hui dans ton caractère, tes valeurs ?
Si je veux être honnête, côtoyer la misère n’a jamais été la partie la moins facile de mon enfance. Elle a été difficile pour plein d’autres raisons. C’est peut-être étrange de dire cela, mais lorsqu’on grandit avec un certain environnement, il ne nous choque pas autant. Surtout que mon père est né dans un bidonville, et ma mère vit toujours devant ce même bidonville.
Depuis 21 ans, lorsque je repars à Luanda, je le revois et ça ne me repousse pas, c’est un arrière-plan familier.
Ce qui me choque (et repousse) le plus, c’est la saleté. J’ai une mère obsessionnelle, et à force, je le suis devenue aussi. Et dans les bidonvilles, il peut y avoir de coquets foyers. Je me sens à l’aise partout où je suis, pourvu que ce soit propre ! La dernière fois que j’étais en excursion dans la brousse angolaise, on a été accueilli dans une maison faite de terre. Ce qui m’a fait tourner de l’œil, crois-moi, c’est la farine de manioc. Même dans un palace, je ne m’y habituerai jamais ! Un truc de Sudiste, sûrement (en Angola, les gens du Sud comme moi, ne mangent pas de manioc mais plutôt du maïs).
Nos soucis sont ailleurs. J’ai grandi dans un pays en guerre, avec les privations de tous les genres qu’on connaît, d’eau, d’énergie, de nourriture, de médicaments alors que j’étais un enfant très malade. En faisant un test psychologique, j’ai découvert que j’étais traumatisée par la guerre alors que je pensais que les atrocités m’étaient épargnées. Cependant, lorsqu’on me demande ma plus grande peur, c’est sûrement d’être tuée à coups de machette…
Nous autres, tiers-mondistes, avons appris le système D. Nous savons faire sans eau courante, sans électricité et avec des patates. J’ai bien grandi. Alors si aujourd’hui je peux me réjouir de manger des sushis et de travailler la nuit sur mon laptop, il y a eu une sacrée évolution.
Mais je n’oublie pas que tout peut recommencer…
-Tu écris dans de multiples langues ? Quelle est ta favorite ?
J’ai la chance d’être multilingue. Ayant grandi entre Cuba, l’Angola et le Portugal, dans un système français, à l’âge de trois ans, je parlais l’espagnol, le français et le portugais comme si j’étais native dans les trois langues. Après notre départ de Cuba, mon espagnol est devenu proche du nul, mais je l’ai vite remplacé par l’anglais, que j’ai dû apprendre sous la pression et très vite en Afrique du Sud. Je suis très à l’aise pour apprendre d’autres langues (sauf l’allemand) et j’adore ça.
Si j’ai commencé ma «carrière d’auteure» par de la poésie en portugais ainsi que mes premiers (faux-vrais) romans, très vite, je me suis tournée vers le français qui était et est toujours ma langue de cœur. J’ai toujours été française dans mon éducation, de la maternelle jusqu’à présent. J’ai appris à écrire et lire en portugais très tard et toute seule, j’ai commencé à avoir de vrais cours en CM2 lorsque nous sommes arrivés au Portugal.
Très vite, écrire en français est devenu une évidence. Mes romans (les vrais de vrais, ceux avec qui je démarchais les éditeurs) sont tous en français. J’avais délaissé la poésie depuis des années jusqu’en 2004, où j’ai recommencé à écrire, mais cette fois-ci en anglais. Une manière d’exprimer mes sentiments sans pour autant quitter ma pudeur.
Aujourd’hui, je me partage entre prose en français et poésie en anglais. Curieusement, jamais en portugais qui est pourtant ma langue maternelle. Je n’ai pas encore saisi mon déni ;-)
-Peux-tu nous parler de ton actualité littéraire ?
J’ai trois projets en cours. Ma nouvelle «A thin line» sera publiée sur le site de la Revue des Ressources le 10 mars. J’écris rarement des nouvelles et celle-là n’est pas du tout le genre que j’écris normalement.
Je vais participer à un nouveau journal électronique lusophone bientôt, je dois encore réfléchir comment je vais pouvoir m’y investir.
Et, last but not least, j’espère pouvoir vous présenter mon roman « Fille du Vent » que j’ai écrit pour le NaNoWriMo en 2006 très rapidement ! J
-Quel est ton livre de chevet ?
Bizarrement, je n’en ai pas. Il n’y a pas un livre en particulier que je vais sauver du feu en cas d’incendie.
Bien sûr j’essaierais de tous les sauver, mais peut-être que ce serait mon dernier coup de cœur, datant d’octobre ! «Le dernier Caton» de Matilde Asensi. Je suis devenue fan de l’auteure espagnole en quelques pages !
-Quelles sont les musiques qui t’accompagnent ?
J’aime beaucoup le silence et je le recherche souvent. Le silence et la solitude. Je peux vivre des jours sans fin dans le silence et sans parler.
Mais lorsque j’écoute de la musique, j’ai de la préférence pour le kizomba (afro-zouk) qui me fait vibrer ; la musique brésilienne, que ce soit du forró/axé qui me fait bouger et me met tout de suite de bonne humeur, que ce soit la MPB avec Caetano Veloso ou la nouvelle musique brésilienne comme Adriana Calcanhotto que j’adore (et que j’ai vu que tu aimais aussi !).
Je suis très commerciale, si j’aime la mélodie, j’adhère, genre Timbaland ou Plain White T’s.
Peu importe ce que les experts en pensent ;-). Mais je peux aller au-delà des chantiers battus et adorer The Idan Raichel Project, un collectif israélien et éthiopiens (et que je conseille vivement).
-Ton dernier fou rire ?
Ça fait longtemps. Je ne m’en souviens plus.
-Dis-moi Jo Ann, tu es une jeune femme heureuse dans la vie ? Il te reste encore des rêves à accomplir ?
Je ne suis pas malheureuse.
Et j’ai énormément de rêves ! Je n’ai que 25 ans, dire le contraire aurait fait de moi une fille blasée ! J’ai eu beaucoup de chance dans ma vie, j’ai beaucoup voyagé, j’ai beaucoup vu, j’ai beaucoup vécu. Je n’ai peut-être pas toujours pris les bonnes décisions, j’ai déjà beaucoup d’échecs à mon actif. Je ne rêve que de me relever à chaque fois que je tombe et de mener mes projets à bien.
Je rêve, par exemple, de venir te parler très vite de mon roman « Fille du Vent » et je rêve d’avoir tes commentaires de lecture. Mais ce n’est pas encore d’actualité.
Bientôt ?
Merci Jo pour toutes ces réponses sincères et touchantes, j’ai hâte que tu nous présentes « Fille du vent » !
Rédigé à 11:17 dans L'interview In de la semaine! | Lien permanent | Commentaires (7) | TrackBack (0)
Voici plus d'un an que j'interviewe des artistes au gré de mes envies, de mes rencontres...
Pour la première fois en relisant cet interview, en le mettant en forme, j'ai pleuré. La gorge nouée, et l'émotion dans le coeur j'ai imaginé son calvaire, j'ai cru sentir ses blessures... mais comment le pourrais-je? Il faut avoir vécu son drame pour le comprendre. De ma place je ne peux qu'imaginer...
J'ai du mal à ne pas vous dire toute la compassion et la colère qui sont depuis en moi...
Pour cet auteur, pour cet homme, merci de votre lecture et je vous incite à acheter son livre, simplement parce que sa vie mérite un dénouement heureux. Et parce que son message doit être relayé.
Omar Ba est né au Sénégal.
Il y fait ses études jusqu'en 2000, année d'obtention de son baccalauréat. C'est alors qu'il décide de tenter sa chance en Europe convaincu que ce diplôme ne peut lui ouvrir la porte de la réussite. N'ayant aucun argument à donner aux services consulaires pour l'obtention d'un visa en bonne et due forme et surtout pris dans un quotidien marqué par un dénuement total, Omar décide de partir clandestinement à la quête de cet avenir «meilleur», l'Eldorado. Cette quête lui prend 3 ans. C'est ce périple long et douloureux, ponctué par d'expulsions successives et d'incarcérations parfois longues en Afrique du nord, en Espagne et en Italie qu'Omar BA raconte dans son livre intitulé Soif d'Europe publié aux Editions du Cygne.
C'est suite à une ultime expulsion vers l'Afrique qu'il décide de reprendre ses études malgré tout. Ainsi, il peut demander un visa étudiant qui lui permet de rentrer en France légalement en 2003. Il prépare un diplôme de Sociologie à Paris.
Il a pour projet de faire carrière dans l'humanitaire tout en continuant à écrire.
Pitch du livre :
« La Guardia
L’immigration clandestine africaine préoccupe et effraie l’Europe. Les hommes politiques en ont fait un point central de leurs programmes électoraux. Les journalistes, les intellectuels et même les artistes se sont également emparés de ce phénomène ; les uns pour décrire, d’autres pour dénoncer, quelques uns pour tenter de comprendre. Fait surprenant : rares sont les clandestins qui prennent la parole.
Omar, ton histoire est très poignante, j’aimerais que tu décrives en quelques mots ce que tu as ressenti en vivant cette forme d’exclusion ? Ce voyage, une quête pour rejoindre l’Europe ?
En quittant le Sénégal pour entamer ce périple j'avais l'amer sentiment d'avoir été poussé à la porte. Ni ma famille, ni mon pays ne m'ont donné ne serait-ce qu'une raison de rester sur ma terre. Car on ne quitte jamais les siens de gaîté de coeur. Mais paradoxalement je sentais une certaine fierté. J'étais fier d'aller chercher un avenir pour moi et pour mes proches. Ce sentiment m'a toujours permis de supporter les brimades, les passages à tabac et les comportements racistes à mon égard.
J'ai pu à chaque fois relever la tête en imaginant le bonheur qui m'attendait de l'autre côté de la Méditerranée.
Mais j'avoue que souvent, j'ai eu envie d'en finir avec le supplice. Je ne savais que faire. Croyant, je ne pouvais pas mettre fin à mes jours; je ne pouvais pas non plus retourner au pays les mains vides. Il fallait que j'avance quoi qu'il arrive.
-Lorsque enfin tu es parvenu à tes fins et que tu t’es vu expulsé, j’imagine que tu as du être révolté ? Comment trouve t-on la force de persévérer encore ?
Ce qui est tout à fait révoltant dans la procédure d'expulsion c'est le fait qu'on t'attache à ton siège avec possibilité de te piquer si tu es récalcitrant. Dans le même avion, à tes côtés, sont installés tranquillement des citoyens du pays qui est en train de t'expulser. Eux sont libres comme le vent d'aller où ils veulent en Afrique, y compris dans ton propre pays. Sans visa s'il vous plait ! Une simple carte d'identité leur donne le droit d'aller et de venir comme ils veulent.
Forcément on est révolté. On se rend compte du « deux poids deux mesures » sur les papiers permettant de voyager. On se demande pourquoi on a la nationalité de tel pays plutôt que de tel autre. Il y a des passeports qui donnent tous les droits et d'autres qui n'en donnent aucun. C'est frustrant.
Sur le moment je me suis dit qu'il ne servait plus à rien de continuer à me battre. J'ai pensé que même si je revenais, j’allais encore faire face à ce « deux poids deux mesures » sur nombre d'autres domaines. Mais quand la soif d'avenir te presse tu ne peux pas lui résister. C'est cet avenir que je pensais ne pas être pire que ce que je vivais qui m'a toujours donné envie de me battre et d'avancer.
-Tu as écris ce livre comme un témoignage, penses-tu qu’il puisse aider d’autre personnes à avancer malgré tout ?
Je ne sais pas si mon livre va servir à quelque chose, mais je le souhaite vivement.
Je l'ai écrit pour contribuer à casser l'image d'une Europe paradisiaque que l'on nous présente depuis notre tendre enfance.
J'ai la chance de savoir que cette présentation de l'Europe n'est que pur mensonge.
Je veux que ceux qui sont encore tentés par l'immigration, (légale ou clandestine) sachent à quoi s'en tenir. Il y'en a marre des mensonges imputables souvent aux Africains déjà installés en Europe. Une fois en vacances au pays, nombre d'entre eux mentent sur la vie réelle qu'ils mènent sur le vieux continent. Ils l'embellissent sciemment; ce qui ne fait qu'alimenter la soif d'Europe.
Je ne veux pas jouer aux donneurs de leçons pour autant. Je ne critique pas ceux qui essayent encore de venir. Je les comprends au contraire.
Simplement il est de mon devoir, eu égard de mon expérience, de jouer franc-jeu et de dire toute la vérité.
Je compte d'ailleurs, au cours d'un prochain voyage au Sénégal, acquérir un certain nombre d'exemplaires du livre que je donnerai gratuitement à des collégiens et lycéens que j'ai déjà ciblés. Au moins les jeunes qui le liront ne pourront pas dire: «je ne savais pas».
-Tu peux nous parler des conditions de ceux qui sont restés ? De cette fuite pour survivre ?
Nombreux sont encore ceux qui sont restés au pays et qui ont envie de venir. Ils restent pour le moment, soit parce qu'ils n'ont pas encore les moyens de venir -car même le passeur il faut le payer, et le billet est de plus en plus cher- soit parce qu'ils ont peur de finir dans l'océan.
Mais cette peur est de moins en moins présente. On passe outre; on la brave faute d'alternatives au pays. Les nombreuses funérailles sans corps ne m'ont pas dissuadé personnellement et elles semblent ne plus entamer la motivation de millions de jeunes désoeuvrés comme je l'ai été. Le fait est que quand une vie ne vaut pas la peine d'être vécue, tant elle est faite d'échecs successifs et de souffrances infinies, on n'hésite plus à la mettre en danger. Peu importe ce qui va nous arriver.
Dans ces conditions on cesse de penser et on se fie à son instinct.
Les nouvelles macabres qui passent dans les journaux télévisés ne dissuadent plus. Il en faut bien plus pour empêcher les jeunes africains de se jeter dans la gueule du loup. Et je ne vois encore aucune solution politique en ligne de mire.
-Tu suis actuellement des études de sociologie, que penses-tu faire ensuite ?
Je pense boucler une thèse afin d’obtenir un doctorat. Mais en même temps je vais continuer mon action. Sans aller jusqu'à encourager l'immigration clandestine, je me donnerai à fond pour que l'on comprenne qu'avant d'être un problème politique, ou une foule de statistiques, cette affaire est une souffrance personnelle profonde. Elle touche des jeunes forcés de quitter les leurs pour atteindre une Europe qui semble ne pas vouloir d'eux. Il n’y a pas de sensation plus désagréable que celle-ci.
Je pense que l’on n’arrivera jamais à une solution globale à ce problème si les élites africaines et européennes continuent de décider dans notre dos, sans nous consulter pour recueillir notre sentiment et notre détresse.
On se sent complètement délaissé.
-Comment as-tu rencontré ton éditeur ?
J'ai connu mon éditeur par hasard sur la toile. Mais, j'ai envoyé le manuscrit à pas mal d'autres éditeurs. Avec l’un d'entre eux nous avions même un peu avancé. Mais avec les Editions du Cygne, j'ai senti que j'étais mieux compris, que mon histoire interpellait. J'ai vite senti une empathie chez l'éditeur et chez le directeur de la collection «Esprits de liberté».
Ce dernier s'est entièrement investi en relisant de fond en comble le texte. Cet investissement personnel m'a décidé à travailler avec les Editions du Cygne.
Qui plus est, l'esprit de la collection dans laquelle mon livre est publié, à savoir la défense des libertés fondamentales, recoupe bien ce dont il est question dans «Soif d'Europe». C'est parce que l'on m'a refusé la liberté fondamentale de voyager et de circuler que j'ai décidé de le faire clandestinement.
-L’écriture est-elle une thérapie ou bien as-tu ce besoin d’écrire que ressentent les écrivains ?
Je peux dire que c'est une thérapie en effet. Parler de cette souffrance après tant d'années n'a pas été facile même si beaucoup d'eau a coulé sous les ponts.
Je comptais l'enfouir à jamais dans mon passé.
Mais les souvenirs me revenaient tel un torrent à chaque fois que j'entendais parler de l'immigration dans les médias.
J'ai donc pris la décision d'en parler. Au début j'écrivais sans intention de publier le texte. J'ai franchi le pas il y a quelques mois. Mais dans la version première du manuscrit je me suis beaucoup censuré par pudeur sans doute, ou par peur de choquer. Par la suite j'ai pu ajouter des passages que je m'étais juré de ne jamais divulguer, surtout l'épisode de Melilla qui a été l'un des plus gros chocs psychologiques pour moi. Il reste toujours des moments difficiles de mon périple qui ne seront jamais connus du public. Je les garde pour moi.
-Comment as-tu travaillé pour mettre en forme ton histoire au travers des pages ?
Au début j'écrivais par bribes, selon les souvenirs qui me revenaient. Cela a fait que dans un premier temps le texte manquait de teneur et de chronologie. Dans ma tête tout était clair évidemment mais le comité de lecture des Editions du Cygne a vite décelé ce manque de fil conducteur. J'ai repassé plus d'un mois à travailler sur la chronologie. C'est alors que je me suis rendu compte que mon autocensure de certains passages du périple affectait sérieusement la cohérence du texte. J'ai pris sur moi pour encore livrer des détails forcément dérangeants pour moi.
Par exemple, j'avais fait l'impasse sur l'épisode où Mourad décide de jeter par dessus bord des passagers qu'il jugeait inutiles dans la pirogue.
Je me sens coupable jusqu'à présent de n'avoir rien fait pour l'en empêcher. C'est un moment difficile dont je ne suis pas fier du tout.
-J’ai pu constater que l’on parlait beaucoup de ton livre, il est sorti début février, quels sont les retours que tu as ?
Les retours sont essentiellement médiatiques. Pour l'instant je n'ai reçu qu'une invitation le 10 avril 2008 dans le cadre d'une réflexion sur l'immigration clandestine organisée par un réseau d'associations stéphanoises spécialisé dans la défense des droits fondamentaux. Sinon aucun des services, africains ou européens, que l'immigration est censée occuper à temps plein, n'a pris contact avec moi. Pourtant quand j'ai décidé de raconter mon histoire c'était aussi pour qu'elle serve à faire bouger les choses, même modestement. Je ne veux pas croire que mon expérience indiffère ces gens-là. Je ne désespère pas.
-As-tu envie de te lancer dans l’écriture d’un autre ouvrage ?
Oui je vais continuer à écrire. J'ai pris goût à l'écriture. Elle m'a aidé à soigner certaines blessures. Je n'ai aucune raison de l'abandonner. De toute façon en Sociologie on est un peu tenu d'écrire des mémoires, des rapports et des comptes rendus qui peuvent être publiables sous forme de livre grand public ou non.
D'ailleurs avant ce témoignage j'avais, en mai 2006, publié un livre intitulé «Pauvre Sénégal !». J'y décris la misère du pays et le dénuement extrême dans lequel on est forcé de vivre. Ce livre n'a pu paraître qu'en France. Il est interdit de sortie au Sénégal par le pouvoir en place.
-Quel est ton livre de chevet ?
Cela va paraître bizarre mais mon livre de chevet c'est «Soif d'Europe: témoignage d'un clandestin». Ce n'est pas du narcissisme. Cela me fait du bien de me relire sans arrêt. J'ai l'impression de dompter ces durs souvenirs, de les tenir entre mes mains et de pouvoir en faire ce que je veux.
-Habituellement ma dernière question tourne autour du bonheur, je demande à mon interviewé de me dire si aujourd’hui il est heureux, s’il a encore des rêves à accomplir… Quels sont les tiens ?
J'essaie d'être heureux. Cela fait 5 ans que suis légalement en France. Je sais combien il n'est pas facile de s'en sortir surtout quand on est étranger. On dit que la société française est verrouillée mais je pense qu'elle l'est encore plus pour une certaine catégorie de personnes dont je fais partie.
Mais si j'ai appris une chose dans la vie, c'est qu'il ne faut jamais baisser les bras. Mon rêve le plus fou serait que l'on puisse vivre dans un monde ponctué de respect pour l'autre quelle que soit son origine ou la couleur de son épiderme.
«Le respect», je ne demande que cela. Le monde serait nettement mieux comme ça.
Je te souhaite un joli succès, ton histoire est plus que touchante et j’aimerais que plus jamais d’autres n’aient à vivre ce genre de voyages… Je te souhaite de trouver le chemin qui te soignera de tant de maux… Et que tes blessures aident chaque être.
Retrouvez Omar sur son blog.
Rédigé à 04:26 dans L'interview In de la semaine! | Lien permanent | Commentaires (12) | TrackBack (0)
J'ai déjà parlé d'elle sur ce blog, Sandra est une ravissante, magnifique et talentueuse auteure!
Je vous invite à la découvrir sur son site, ou lors du salon du livre de Paris en mars!!
Vous pourrez retrouver son interview sur le blog PLE ou ici!:)
Née à Toulouse, elle passe toute son enfance et son adolescence en région Midi-Pyrénées avant de s’installer dans l’Hérault où elle exerce sa profession de documentaliste.
Rédigé à 13:36 dans L'interview In de la semaine! | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
Danielle Akapko est née en 1944 à Saint-Etienne. Elle a réintégré la ville des « Verts » en 1983 après quelques années d’exil dans le Doubs et en Normandie pour raisons professionnelles.
Mariée, Danielle a deux grandes filles qui vivent en région parisienne ainsi qu’un adorable petit-fils de dix-sept mois.
Pour quelqu’un qui, comme elle, dans le cadre de son travail – cadre administratif à l’Éducation nationale – a toujours dû s’en tenir à un style sans fioriture aucune, quelle aubaine de pouvoir, grâce au pastiche, à la parodie, la nouvelle, (formes dans lesquelles elle se sent le plus à l’aise), faire passer un peu, voire beaucoup, de ses émotions, de sa fantaisie naturelle !
La plume l’a souvent démangé, l’envie de pimenter un courrier administratif d’une note d’humour, de rédiger en alexandrins une note de service !
Imaginez la révolution ! Bref, béni soit le temps de la retraite qui lui permet enfin de libérer sa plume !
Musicienne, elle a aussi composé quelques chansons: avis aux amateurs !
Quand elle n’écrit pas, elle lit, elle intervient comme bénévole au centre social de son quartier dans le cadre de l’aide aux devoirs pour des collégiens et lycéens.
Elle aime marcher, en ville – car elle est citadine à 100% – et elle est fan des séries policières américaines à la télévision.
Ce qu’elle déteste par-dessus tout :
Se prendre au sérieux
Les gens qui se prennent trop au sérieux.
Toutes les formes de discrimination
Ses oeuvres publiées :
Elles et Eux, recueil de nouvelles, Éditions Écriture et Partage.
Un Homme de Trôo, Roman coécrit avec Jean-Noël Lewandowski, PLE éditions.
Participation à plusieurs recueils collectifs de Nouvelles.
Les 7 péché capitaux, A table, Le temps qui passe, IXCEA éditions.
-Comment vous êtes-vous mis à l'écriture ? Qu’est-ce qui vous a poussé à coucher des histoires sur le papier ? Le vécu, l’imaginaire ?
Cela a commencé en classe avec mes rédactions et dissertations romans fleuves.
À vingt-cinq ans, j’ai écrit un premier roman, des poèmes qui sont restés dans des tiroirs et que j’ai détruits par la suite tant je les ai trouvés mauvais. Absorbée par ma vie familiale et professionnelle, j’ai connu ce que j’appellerai une longue période de sommeil littéraire durant laquelle je me suis contentée de lire, de composer poèmes, chansons, parodies diverses essentiellement pour mes enfants et mes proches. J’ai vraiment retrouvé le goût, puis la rage d’écrire quelques années avant la retraite grâce à l’adhésion à un site Internet d’auteurs amateurs où j’ai trouvé conseils et encouragements. C’est prioritairement le vécu qui m’inspire. Mon imagination travaille en général à partir d’un détail de la vie de tous les jours, d’un fait divers.
-Avant d’être publiée, diriez-vous que vous avez vécu un réel parcours du combattant ?
Non, parce que j’avais si peu confiance en moi et en mes écrits que je ne n’avais pas fait de siège en règle des maisons d’édition ! Encore une fois, je dois beaucoup au Net qui m’a fait oser.
-Quelle est votre méthode de travail ? Vous préparez un plan, des fiches avec les personnages, savez-vous toujours où vous allez ? Le temps que vous consacrez à écrire ?
Je ne raffole pas des plans de travail, dans aucun domaine d’ailleurs. Ma préférence allant aux nouvelles, il me suffit de trouver une idée et je m’installe devant mon clavier : il m’arrive de déboucher loin de ce que j’avais prévu.
Je n’ai écrit qu’un roman et en coécriture : mon coauteur a donné l’idée de départ, ensuite, nous avons beaucoup échangé, discuté. Je n’ai pas souvenir d’un plan vraiment établi. Nous avons adapté, quelquefois carrément changé notre fusil d’épaule en fonction des suggestions, de l’humeur, de l’inspiration de chacun. Ce fut une expérience passionnante. (Jean-Noël, j’espère que tu ne vas pas dire le contraire !)
Le temps ? Impossible à compter. Étant donné que je ne suis jamais satisfaite, je prends et reprends mes textes jour après jour, pour corriger un mot, rajouter une phrase, ou en déplacer une.
-Comment vos proches vivent le fait d’avoir un auteur comme parent, ami ?
Avant la première publication, ma passion amusait mon mari et mes filles. La plus jeune a été une de mes premières lectrices lorsqu’elle était encore à la maison. Depuis, ils sont assez admiratifs, surtout quand je participe à une manifestation (salon, dédicaces). Idem pour les amis.
-Lorsque vous écrivez, faites-vous relire à des proches au fur et à mesure ? Est-ce que leurs réactions, réflexions peuvent vous amener à modifier le cours de votre développement ?
Non, je préfère me débrouiller seule. Il m’arrive de solliciter l’avis d’un « ami de net ». Mais en général, je campe sur mes positions.
-Croyez-vous un jour pouvoir vivre de vos écrits ?
« Faut pas rêver… » Et cela n’a jamais été mon but. Écrire est pour moi un plaisir délicieux et si je peux en plus faire plaisir à un certain nombre de lecteurs, cela suffit à mon bonheur.
-Que pensez-vous de la publication en ligne ?
Elle est appelée à se développer. C’est une solution comme une autre, peut-être moins coûteuse que la publication traditionnelle. Mais rien ne remplacera jamais le livre objet que l’on a plaisir à tenir entre ses mains, à contempler dans sa bibliothèque.
-Que pensez-vous des séances de dédicaces ?
Elles permettent de se faire connaître. Elles sont surtout intéressantes dans la mesure où l’on parvient à échanger avec des lecteurs.
-Trouvez-vous encore le temps de lire ?
Bien sûr. C’est essentiel.
-Quels sont les auteurs que vous admirez ? Votre livre de chevet ?
J’ai beaucoup lu et apprécié dans le passé Hemingway, Fitzgerald, Tennessee Williams, Katherine Mansfield, Oscar Wilde (j’ai fait des études d’anglais), Zola, Maupassant pour qui j’ai une grande admiration.
Parmi les contemporains, j’ai une préférence pour Yasmina Khadra, l’auteur de romans policiers Henning Mankell, et je viens d’avoir un vrai coup de cœur pour Olivier Adam dont j’ai lu en quelques semaines tous les livres ou presque !
Livre de chevet ? Non, je ne vois pas, mis à part un excellent dictionnaire !
-Côté musique, avez-vous une tendance particulière ?
Côté chansons, j’ai une nette préférence pour les chansons à textes. En matière de musique, classique, jazz, rock, il suffit que mon oreille soit titillée.
-Si vous n’aviez pas pu être éditée, auriez-vous continué à écrire malgré tout ?
Évidemment. L’écriture est une maladie dont on guérit difficilement, même si l’on a des périodes de rémission. On écrit aussi pour soi, pour se sentir exister.
-Pouvez-vous nous parler de votre dernier ouvrage ? Votre actualité ?
Le dernier ouvrage publié remonte à 2006 : Un Homme de Trôo, coécrit avec Jean-Noël Lewandowski. Roman d’amour, d’amitié, d’aventures, avec un soupçon de polar, sur fond de paysage normand.
Je travaille en ce moment à un second recueil de nouvelles, à un petit roman tout en collaborant à plusieurs sites littéraires. Ce qui m’amène à reparler d’Internet. Publier, évidemment c’est la solution idéale, mais voir une de ses chroniques, un de ses textes, de ses coups de gueule, s’afficher sur un site, un forum Internet, recevoir des retours, susciter des échanges, c’est aussi un plaisir sans mélange.
-Avez-vous des retours de lecteurs ?
Oui, bons en général. Avec des encouragements à continuer.
-Question finale : qu’est-ce que cela vous a apporté de voir votre livre exister ?
Une immense émotion, presque la même que celle que l’on éprouve en tenant son premier bébé dans ses bras.
Blog personnel :
Le site de l’association Cercle Maux d’Auteurs dont Danielle est la présidente.
Elle assure l’administration de ce forum d’échanges.
Rédigé à 21:20 dans L'interview In de la semaine! | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
Retrouvez cet interview sur le blog PLE.
Huit dessins d'Angela Della Torre lui ont inspiré chacun un récit, ou peut-être le contraire ?...
Ingrédients mêlés aux couleurs de sa palette de peintre, Angela vous entraîne sur une route semée de suspens, de fiction, de mystère, de mysticisme et d’amour…
Angela Della Torre est née un jour de printemps, entre France et Italie. Un joli village blotti dans les montagnes. Il faisait froid. Elle nous dit : «Ce que je suis, mon univers, je le dévoile, peu à peu, dans mes écrits, dans mes dessins, dans mes peintures ... Ma vie, mes amours, mes emmerdes, c’est mon jardin secret. »
-Comment vous êtes-vous mis à l'écriture ? Qu'est-ce qui vous a poussé à coucher des histoires sur le papier ? Le vécu, l'imaginaire ?
Depuis l’enfance, écrire est un besoin.
Besoin d’évasion mais aussi besoin d’exprimer mes émotions, mes colères, mes souhaits. Des feuilles éparpillées que je ne gardais pas. Par pudeur ? Peut-être ? …
Et puis, un jour, j’ai ouvert un cahier. J’avais le cœur lourd comme une pierre. Mes larmes sont devenues des mots. Des couleurs et des odeurs d’autrefois, des rêves et des désillusions, des éclats de rire aussi.
Une page, puis deux, dix, cinquante, et le cahier ne suffisait plus...
-Avant d'être publié, diriez-vous que vous avez vécu un réel parcours du combattant ? Si vous n'aviez pas pu être édité, auriez-vous continué à écrire malgré tout ?
Il y a un an, je ne pensais pas qu’un de mes livres serait publié ! Un jour, quelqu’un a lu deux ou trois textes. On m’a encouragé à continuer.
Alors, j’ai entrepris ce recueil « Ni noir, ni blanc »
On avait confiance en moi : cette personne, c’est Pietra Liuzzo.
Sans elle, j’aurais continué d’écrire, certes, mais les cahiers et les feuilles auraient fini dans une vieille malle, au fond d’un grenier.
-Quelle est votre méthode de travail ? Vous préparez un plan, des fiches avec les personnages, savez-vous toujours où vous allez ? Le temps que vous consacrez à écrire ?
Un matin, je me réveille avec des images, des sensations, une histoire.
Et c’est comme une évidence, je dois écrire ce que je ressens. Alors, je dresse les premières esquisses, je jette les premières phrases, la trame. Pour moi, écrire c’est décrire un voyage.
Si l’histoire se déroule dans un monde imaginaire, je dois quand même faire un plan des lieux. Si elle se déroule dans un pays réel, je me documente le plus possible. L’ambiance doit être celle que le lecteur pourrait trouver s’il était là-bas. Pour les personnages, je ne fais pas de fiche qui définit au préalable leur principaux traits de caractère. C’est le déroulement de l’histoire qui me guide pour découvrir, lever le voile, sur leurs sentiments, sur ce qu’ils sont.
-Lorsque vous écrivez, faites-vous relire à des proches au fur et à mesure? Est-ce que leurs réactions, réflexions peuvent vous amener à modifier le cours de votre développement?
Il m’arrive de faire lire quelques pages à mes proches, ma famille. Je teste leurs réactions. Non pour changer l’histoire, mais pour améliorer la «profondeur» du texte. J’observe leur regard. La manière dont ils tournent les pages. Je n’écris plus simplement pour moi, pour me faire plaisir, égoïstement. J’écris parce que j’ai des choses à dire, à partager.
-Comment vos proches vivent le fait d'avoir un auteur comme parent, ami ?
Lorsque j’ai commencé à écrire, certains de mes proches souriaient. Une pointe d’ironie. «Alors, tu as écris combien de pages ?».
Le cahier se remplissait. Les regards ont changé.
«Ca parle de quoi ? … Je peux lire ?» ... Lorsque j’ai annoncé, à ma famille et à des amis, que mon premier livre était publié, ils étaient plutôt fiers.
-Que pensez-vous de la publication en ligne ?
Quel pouvoir de prendre un livre, lire ou relire un passage à volonté, écrire ou non des annotations. Etre libre de le glisser dans sa poche, de le poser sur la table de chevet ou de le ranger sur une étagère. Un livre, c’est magique, c’est vivant.
-Que pensez-vous des séances de dédicaces ?
Elles permettent la rencontre entre les lecteurs et l’auteur. C’est un lien humain, un contact enrichissant.
-Quels sont les auteurs que vous admirez ? Votre livre de chevet ?
Je n’ai pas de livre de chevet attitré. Je pioche selon mes envies : l’Egypte, le Brésil, le Vietnam, Kessel, Saint Exupery, Hemingway, Henri de Monfreid, Koestler, Le Carré, Le Clézio …
-Côté musique, avez-vous une tendance particulière ?
J’aime le Jazz : Ray Charles, Al Jarreau, Benson, Nina Simone …
J’aime aussi Tom Jones, Tina Turner, Compay Secondo, Cesaria Evora, Chico Buarque, Luz Casal, I Muvrini …
Je frissonne avec Nabuchodonosor, Don Giovanni ...
-Pouvez-vous nous parler de votre dernier ouvrage ? Votre actualité ?
Actuellement, j’ai deux ouvrages en cours. Un roman qui est presque achevé, un roman sur l’exil et des héros anonymes. Un second sur un pays d’Asie …
-Croyez-vous un jour pouvoir vivre de vos écrits ?
Il est trop tôt pour envisager cette éventualité. Pour moi, l’aventure ne fait que commencer ! Je la vis comme un grand bonheur … Il me faut un peu de recul !
Cet ouvrage rassemble en réalité sept histoires ayant pour thème non pas la dualité mais l’unité. Le huitième texte apostrophe le lecteur.
C’est la clé de l’ouvrage.
Notre pensée occidentale appréhende les êtres et les évènements de manière très cartésienne. Mon idée réside dans le fait que nous ne connaissons et nous ne révélons aux autres qu’une partie de nous même. Certains évènements déclenchent quelque fois des réactions surprenantes. On s’étonne de ce que nous pouvons dire, faire, être. Nous révélons d’autres faces de nous même. Pourtant, nous sommes toujours là. Nous sommes uniques et multiples. Prenez une pierre, tournez la. Toutes ses faces sont différentes, mais c’est la même pierre !
Noir et blanc ne s’opposent pas. Ils se complètent et sont les deux extrêmes d’arc en ciel de couleurs. Les êtres, les lieux, les évènements, tous évoluent, changent, se transforment. La réalité n’est pas si simple … elle est au delà des apparences !
Posons-nous quelques questions :
- Le monde de nos réalités, de notre perception, est-il le monde des autres ?
- Ne faudrait-il pas remettre en question nos certitudes ?
-Classer les êtres de façon manichéenne, deux catégories, n’est-ce pas un peu trop facile ? Non vraiment, rien n’est « ni tout noir, ni tout blanc » !
Rédigé à 11:58 dans L'interview In de la semaine! | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)
Stéphane Nolhart a fondé son premier journal au collège, à douze ans. La suite fut un conflit entre le besoin irrésistible d’écrire et des concours de circonstances qui l'ont porté vers la presse. Il écrit des nouvelles, des textes de chansons, des contes pour enfants. Puis, à l’aube de ses quarante ans, il a su qu’il était temps d’écrire son premier roman intitulé « les ailes de Giacomo » publié chez Pietra Liuzzo. Retrouvez le aussi sur son blog: là. -Comment vous êtes-vous mis à l'écriture ? Qu’est-ce qui vous a poussé à coucher des histoires sur le papier ? Le vécu, l’imaginaire ? Au départ, je crois que l’environnement familial a été important. Enfant, j’ai toujours été entouré de livres car mes parents lisaient beaucoup, et il y avait une grande bibliothèque où Tintin côtoyait Balzac, Frédérique Dard était collé à Erasme, Sagan draguait Rabelais, et le père Hugo échangeait avec Boris Vian à sa gauche et Céline à sa droite. Ils étaient de tous les parfums, de toutes les couleurs et je pouvais piocher sur les étagères pour trouver un rêve de tour du monde en 80 jours, ou m’endormir avec Anne Franck, ou Kipling et Baguera. Puis, le véritable déclic, ce fut au collège. Les deux tiers des cours avaient de quoi faire déprimer l’employé des pompes funèbres le plus optimiste, je m’y ennuyais ferme et en toute modestie, je crois que, parmi tous les élèves, j’étais à mettre tout en haut de la liste des fumistes. Pendant les cours, j’écrivais de petites chroniques, d’une ou deux pages, sur les profs pour faire rire mes camarades à la sortie. Parmi le tiers des cours restant, ceux où rayonnait l’envie d’apprendre, un prof de français - brillant esprit, premier de son agrégation de lettres, spécialiste de Nietzsche en France, amoureux de la pensée et des mots - m’a donné des cours particuliers, fait bosser, et m’a fait lire, encore… L’Iliade, L’Odyssée, Salammbô. Il m’a parlé de Proust, expliqué la Bovary, le Cid, et pas mal d’autres. Mes notes étaient… médiocres, enfin je veux dire, à deux trois points près, juste au dessus de zéro. Econome de mes efforts, je crois n’avoir jamais dépassé le 5/20 durant ces trois années ; mais à la rentrée suivante, au lycée, en seconde, je suis passé du statut de cancre à celui de meilleur élève en français, à ma grande stupéfaction. Ma première dissertation de l’année a même été lue devant la classe, en guise d’exemple, avec une note de 19/20. J’en hirsute encore, toujours, tellement la surprise et la fierté furent grande. J’ai compris ce jour là, que ce type m’avait rendu service. A la sortie des ailes de Giacomo, j’ai repris contact avec lui, 25 ans plus tard, pour le remercier, et nous entretenons depuis des rapports épistolaires par mail; toutefois, malgré la promesse de lui faire parvenir mon roman, je n’ai toujours pas osé lui envoyer, la peur du zéro, peut-être. -Avant d’être publié, diriez-vous que vous avez vécu un réel parcours du combattant ? Autour de moi, tout le monde s’accordait à dire qu’il était quasi impossible de faire éditer un premier roman – à compte d’éditeur - et on aurait pu faire le tour de mes connaissances, il y en a bien peu qui aurait parié un euro symbolique sur la possibilité que mon manuscrit voit le jour en librairie et moi-même, il m’arrivait les soirs de déprime de partager cette opinion largement répandue. Je n’ai envoyé qu’une dizaine de copies des ailes de Giacomo, à 6 mammouths de l’édition - vous savez, ceux qui renvoient les enveloppes sans les avoir décachetées, mais qui trouvent que vous avez du talent – et puis à quatre éditeurs indépendants, (on appelle indépendants les 90% d’éditeurs qui se battent sur 15 % du marché avec des moyens modestes, contre les 10 % qui occupent 85 % des rayonnages), vous comprendrez pourquoi j’ai hirsuté lorsque les éditions Pietra Liuzzo ont été les premiers à me répondre favorablement - alors que je ne leur avais fait parvenir qu’un manuscrit inachevé. J’ai eu, par la suite, trois autres propositions mais aucune ne m’apportait la garantie d’un véritable dynamisme autour de mon roman et puis, je suis fidèle par nature, et il n’était pas question pour moi de ne pas travailler avec ceux qui m’avaient fait confiance dès le départ. Je n’ai pas donc pas eu le sentiment, que pour être publié, il fallait avoir le coté obscure de la force avec soi, où coucher…sur le paillasson de l’éditeur, mais simplement, beaucoup, beaucoup travailler. -Quelle est votre méthode de travail ? Vous préparez un plan, des fiches avec les personnages, savez-vous toujours où vous allez ? Le temps que vous consacrez à écrire ? «On peut écrire une nouvelle avec une bouteille de Whisky à la main, mais pour un roman, c’est autre chose !» disait Scott Fitzgerald. Etant d’une nature fêtarde et excessive, j’essaye en période d’écriture de m’imposer une vie plutôt ascétique qui ne peut, de toute façon, pas me faire de mal. Je me lève et je te bouscule, tu ne te réveilles pas… il est 5h, Paris s’éveille ! Et moi aussi. Jamais plus tard en période d’écriture, c'est-à-dire 95 % de mon temps aujourd’hui (pourvu que ça dure). J’écris jusqu’à midi pour Nolhart, et le reste de la journée pour les autres, et puis, je lis beaucoup, non simplement parce que j’aime ça, mais parce que c’est rigoureusement indispensable. J’ai des tas de fiches, de carnets, de notes et un plan détaillé, page par page, un véritable plan de chemin de fer, scotché au mur sous les yeux pour ne pas me perdre ; mais son respect devient assez laborieux lorsque les personnages se mettent à vivre de façon autonome. Ils ne veulent pas forcement venir là où je veux et, mystère de l’écriture, ils trouvent leur place quand même, presque malgré moi. Je me sens un peu comme un créateur de dessins animés qui voit ses héros se mettre en scène seuls dès qu’ils ont le vécu des premières pages. Flaubert pratiquait, parait-il, la technique du gueuloir. Il s’enfermait dans une pièce et gueulait ses textes pour trouver la bonne mélodie. Je suis un peu comme ça, le talent en moins. Un texte est une musique, un opéra de mots, dont le style, la grammaire, la syntaxe, le vocabulaire sont les notes et les partitions. Je les lis à haute voix jusqu’à ce que ça chante à mes oreilles. Sans éditeur nous ne sommes pas grand-chose, alors, je n’oublie jamais ce que m’a dit un jour Mr Laffont : «Le métier d’éditeur, c’est de faire des chiffres avec des lettres», et pour ça, le lecteur doit avoir envie de se blottir dans le creux de mon épaule, et comme en amour, il doit s’y sentir bien, ne pas avoir envie de me quitter. Une page ratée, négligée, et c’est le risque de voir l’amour de ma vie partir vers d’autres lectures avant que le mot fin n’apparaisse ! Et puis, comme en toutes choses, maîtriser la technique, c’est maîtriser l’art. Alors, je passe beaucoup de temps à lire les auteurs classiques les plus ardus, pour essayer d’apprendre à livrer mes idées d’une façon précise. Bon sang, si un jour j’arrivais à exprimer précisément sur le papier les histoires telles que je les ais dans la tête, quel beau roman j’écrirai ! -Comment vos proches vivent le fait d’avoir un auteur comme parent, ami ? C’est compliqué, pour qui n’écrit pas, de comprendre qu’on fait un job où l’on peut passer 3h le nez à la fenêtre, et dire « je travaille ! », c’est difficile à accepter de manière factuelle. La création n’est pas, malheureusement, un bouton on-off. Je crois que ce n’est pas simple, non plus, d’admettre qu’il faut me voir plonger dans des profondeurs abyssale de concentration pour écrire, à des niveaux où plus rien, ni personnes d’autres que les protagonistes issus de mon imagination n’existent. Mais, à coté de ça, je crois qu’ils sont assez fiers, puisqu’ils le disent et qu’ils me poussent à continuer, dans les jours sombres où les neurones ne se connectent pas assez bien pour pondre le paragraphe suivant, dans ces moments, affres de la création, où je me regarde en ne voyant que le dernier des derniers, un usurpateur qui plus est prétentieux. Je profite d’ailleurs de ces lignes pour leur exprimer toute ma gratitude à mes proches. Ma famille, je ne sais pas. Elle ne m’a jamais exprimé quoi que ce soit sur ce sujet, j’ignore même s’ils ont lu Les ailes de Giacomo. Mais, je sais, quand même, qu’elle l’a acheté, sans que ce soit une priorité, ça relativise. Des son point de vu, écrivain, ce n’est pas un métier pour moi et je sais qu’elle ne pense pas une seconde que je suis légitime en tant qu’auteur. -Lorsque vous écrivez, faites-vous relire à des proches au fur et à mesure? Est-ce que leurs réactions, réflexions peuvent vous amener à modifier le cours de votre développement? Je fais TOUT relire par un petit comité composé de 6 personnes de typologies différentes. 1/ Toutes les avancées sont suivies par un lecteur, puits d’érudition, dont l’opinion à chaud m’est nécessaire. C’est aussi une aide précieuse dans mes recherches, pour les références culturelles et littéraires qu’il m’apporte. 2/ Moins systématiquement, mon avancé est suivi par : Un lecteur passionné et érudit dévorant plusieurs livres par semaine, toujours prêt à dégoupiller sa carte FNAC au rayon librairie. Un lecteur qui lit peu dont l’opinion est fraîche, spontanée. Un lecteur étranger, passionné par les belles lettres. Mon fils qui aime ou pas, simplement. 3/ Une fois achevé, Un lecteur dont la littérature est le métier, c’est l’œil terrible du maître sur l’élève. Et bien sur, mon éditrice, dont j’aime avoir l’opinion, évidement. J’écoute leur avis, les critiques, je leur demande surtout de guetter les incohérences, et en fonction de la récurrence du propos, du bien-fondé des arguments, je modifie… ou pas. Mais le dernier mot appartient à mon éditeur dont c’est le métier, qui met l’argent pour que mon livre vive. Et, si le bouquin ne marchait pas, juste parce que je n’ai pas écouté toutes ces critiques, juste pour une question d’orgueil mal placé ? Ca ficherait un coup à mon orgueil, justement - et ce n’est jamais très agréable. -Croyez-vous un jour pouvoir vivre de vos écrits ? Oui. -Que pensez-vous de la publication en ligne ? Je n’aime pas l’idée qu’un livre ne soit que des pixels sur un écran à imprimer n’importe comment. La littérature demande par essence du temps, à écrire, à lire, et éventuellement doit faire réfléchir et/ou émouvoir. Tout ceci ne peut que se faire posément, et les nouvelles technologies, dont nous ne sommes plus seulement adeptes, mais esclaves, empêchent toutes formes de recul, c’est une course à la consommation où on doit lire le dernier machin sorti, peu importe que ce soit bien, ou pas. La littérature mérite autre chose que la publication d’un livre en ligne, parce que c’est prendre le risque de voir la soie de la haute couture être mélangée aux mouchoirs jetables et qu’il ne reste, par étouffement, loi du nombre oblige, que des bio écrites en langage sms. Je ne prétends rien me concernant, mais la publication papier, avec un contrat d’édition à compte d’éditeur, doit être et rester le gage pour le lecteur d’un minimum de qualité, de travail, de talent ; et si je ne devais plus être édité, ce sera simplement par manque de travail, ou de talent, ou les deux, mais le lecteur sera respecté. Toutefois, je comprends que financièrement la publication en ligne est bien moins risquée que l’édition papier, et je comprends les intérêts en jeu, particulièrement pour les éditeurs indépendants, mais, à terme, j’ai peur que ce soit la mort du métier d’éditeur, ce qui participera un peu plus à l’appauvrissement intellectuel que l’on observe. Les prochaines générations d’écrivains écriront en langage sms, et en chinois pour être accessible au plus grand nombre, au plus grand porte-monnaie. -Que pensez-vous des séances de dédicaces ? Ecrire est un exercice solitaire, un art où nous n’avons pas souvent l’occasion d’avoir en vrai, devant nous, les lecteurs; contrairement à un comédien, un musicien, ou un peintre lors d’un vernissage. Ce sont de beaux moments. Ces séances sont faites de sourires et d’agréables échanges, et puis, avoir la chance d’en faire est, en soi, un privilège. J’ai une anecdote amusante sur le sujet. Alors que je sortais d’une dédicace au Cultura de Pontoise, n’étant pas véhiculé, j’attendais le train, encore l’esprit à ces échanges avec les lecteurs. Un couple de jeune passe à ma hauteur, la jeune fille, se retourne, me dévisage et me dit : «bah, oh, m’ssieur, keske vou fete là, oh l’autre, tou à leure y signai des orthographes et mantenant y prend le train ???». A mon stade, petit écrivain inconnu, une séance de dédicaces est une leçon d’humilité au cas où… -Quels sont les auteurs que vous admirez ? Votre livre de chevet ? Je crois que j’admire tous les auteurs, par principe. C’est difficile d’établir un classement, ils sont bien trop nombreux, comment faire? Si on parle de livre de chevet, Les lettres à Lucilius de Sénèque ne me quittent pas ; et à la recherche… de Proust, les correspondances de Flaubert, Gatsby le magnifique en édition original de 1935, sont en permanence sur mon bureau, dominant les autres. Sinon, Gaston Lagaffe, Pif le chien, et l’équipe tous les matins. -Si vous n’aviez pas pu être édité, auriez-vous continué à écrire malgré tout ? Je ne sais pas, c’est difficile à dire. J’ai roulé un peu ma bosse et je suis toujours revenu à une profession artistique, et puis, j’ai toujours écrit, peut importe quoi. En même temps, je n’écris pas dans un but thérapeutique, mais pour raconter des histoires, pour inventer des vies, pour être moi aussi musicien, donc pour avoir des lecteurs, je ne vais pas me raconter les histoires à moi-même, je les connais déjà. Ecrire sans publier c’est soit un manque de travail, soit un manque de talent, soit un manque de persévérance. Il faut savoir aussi se remettre en cause, je crois. Ecrire sans vouloir être édité, c’est, un peu, écrire pour la postérité, et c’est un peu prétentieux. (sourire). En revanche, je n’aurais pas publié à compte d’auteur car je crois qu’il ne faut jamais payer pour travailler, quelque soit ce travail. -Pouvez-vous nous parler de votre dernier ouvrage ? Votre actualité ? "Les ailes de Giacomo" est sorti en Avril. Il vole aujourd’hui par ses propres moyens, j’ai compris qu’un livre n’appartient plus à l’auteur dès qu’il existe sous sa forme définitive, imprimé et relié. Je ne sais plus qui a dit qu’on en mettait toujours trop dans un premier roman, et avec le recul, c’est vrai, j’ai voulu tout faire dans les ailes ; je suis content du résultat, mais je me suis calmé pour le prochain. J’ai plus cherché à affirmer un style (bon ou mauvais, ce n’est pas à moi de juger) et à trouver une bonne histoire, qui me corresponde, qui soit aussi le témoignage de notre époque où, pour exister, il faut plaire aux médias ; le simple logo «Vu à la TV!» fabrique du demi dieu au goût de canada dry à tout va. Je prends le temps de savourer la fin de son écriture. Il sortira courant premier semestre 2008. Je tiens, d’ailleurs, un journal quotidien, ou quasi, de l’écriture de ce livre sur www.nolhart.com. -Avez-vous des retours lecteurs ? Ma participation aux salons, et particulièrement à Draveil, m’a permis de rencontrer de nombreux lecteurs, de discuter avec eux. Et puis, ils peuvent laisser des commentaires sur mon blog, ce qui arrive de temps à autre. Je suppose que PLE a fait un gros chéque à chacun car je n’ai rien entendu de mauvais, il y a eu des critiques normales pour un premier roman, mais rien de bien méchant ou si peu que cela en est un peu louche...:) -Qu’est-ce que cela vous a apporté de voir votre livre exister ? Rien qui ne m’émeuve pas au plus haut point. Cela fera l’objet d’un livre, j’espère un jour; mais, avant tout, ça m’apporté de voir les yeux de mon fils briller, lui seul sait. Le pitch du livre: Paris aujourd’hui. Parce que sa mère a disparu dès sa naissance, et qu’il est le fruit d’un amour négocié, le nouveau-né Léalan d’Antoni est fermement décidé à mourir, tout de suite. Mais ce serait sans compter avec l’archange Gabriel qui ne l’entend pas de cette oreille. Pour le sauver et le guider dans l’existence, il missionne le plus contesté des anges gardiens : Giacomo Casanova. Devenu adulte, Léalan décide de retrouver celle qui l’a mise au monde mais à cause du célèbre cavalier céleste, le jeune d’Antoni va croiser d’improbables destins. Ses amis de pensionnat deviendront champions de boxe pour l’un et d’échecs pour l’autre ; la femme de sa vie, chanteuse de rock alcoolique et suicidaire, va l’enfermer dans une chambre d’hôtel du Bronx pour lui faire l’amour à la façon toréador à longueur de journée en buvant des litres de cognac. Jusque là, ça irait encore, mais des terroristes islamistes de bazar vont transformer sa vie en cauchemar, sous l’œil d’un Casanova joueur et malicieux qui n’a qu’une idée sous l’auréole : faire de lui un écrivain. Mais, où est donc sa mère ?
Rédigé à 22:42 dans L'interview In de la semaine! | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (0)
Cette semaine ce n'est pas UN mais DEUX interviews In que vous pouvez trouver sur mon blog, alors elle est pas belle la vie?;)
"Né en région parisienne, Sébastien Fritsch vit actuellement à Lyon avec sa femme et ses quatre enfants."
Passionné d'écriture, de musique et de dessin il tient aussi un blog.
Ses romans sont à la fois de type fantastique et historique, un joli mélange pour cet artiste humble et prévenant.
-Sébastien, comment t'es-tu mis à l'écriture? Qu’est ce qui t’a poussé à coucher des histoires sur le papier ? Le vécu, l’imaginaire ?
L’imaginaire est le point de départ : je ne peux pas m’empêcher d’inventer des histoires, en brodant parfois à partir de rien, d’un détail, d’une ambiance, d’un visage entrevu.
Ensuite, le vécu intervient, mais uniquement par petites touches, pour bâtir un décor ou peaufiner la psychologie d’un personnage.
Sinon, le choix de l’écriture comme mode d’expression est lié au fait que c’est pour moi l’outil le plus complet pour suivre mon imagination partout où elle m’entraîne.
Le dessin et la musique sont mes deux autres marottes, mais je me sens plus limité techniquement. Et comme l’écriture peut tout aussi bien faire naître des images que des mélodies, je parviens finalement à concilier mes trois passions en une seule.
-Avant d’être publié, dirais-tu que tu as vécu un réel parcours du combattant ? 15 années avant de trouver, non ?
Le trajet entre « premier roman écrit » et « premier roman publié » a été long, effectivement, mais il ne s’agit pas du même roman. Il n’y a donc pas eu un parcours du combattant de quinze ans, pendant lequel je défendais un seul et même texte auprès de dizaines de maisons d’édition.
En fait, pour mes deux premiers romans achevés, écrits en 92 et 93, je me suis contenté d’empiler les lettres de refus.
Après, je suis passé par un passage à vide (mon « vrai » métier me prenait de plus en plus de temps), pendant lequel je n’ai écrit que quelques nouvelles et des poèmes.
De ce fait, le « parcours du combattant » a surtout démarré en 2003, quand je me suis mis à écrire « Le Mariage d’Anne d’Orval ». Et dans ce parcours, le premier obstacle à franchir, c’était… écrire le roman. J’avais fini par comprendre les défauts de mes deux premières tentatives ; alors, cette fois-ci, je voulais sortir un texte irréprochable. Ça peut paraître prétentieux, mais je pense que c’est l’une des conditions pour aboutir : donner le meilleur de soi-même, être intransigeant, même sur les détails, s’interdire la facilité au niveau du langage, de la construction, des profils des personnages et… de tout le reste. Et le combat fut rude !
Quand j’ai terminé ce roman, deux ans après, le parcours du combattant a continué, mais « en extérieur ». Je me suis réellement fait un plan de bataille, en essayant de cibler les maisons d’édition, en gérant mes envois de manuscrits, mes relances.
Là encore, j’avais décidé d’être « combatif ». Evidemment, au début, j’ai envoyé à quelques grandes maisons (histoire de compléter ma pile de lettres de refus… et de voir si le texte de ces lettres avait changé en quinze ans). Mais, j’ai fini par circonscrire plus précisément ma cible : un éditeur indépendant, publiant déjà des romans historiques et implanté dans la région où j’avais placé mon intrigue, était le destinataire tout désigné de mon manuscrit. Mais encore fallait-il qu’il l’accepte.
En octobre 2005, j’avais son accord… pour une publication en mars 2007. L’étape suivante du parcours du combattant fut donc la patience.
Mais ce n’était pas fini pour autant : une fois publié, le roman ne se vend pas tout seul. Là encore, il faut savoir faire preuve de pugnacité.
Et puis, rien n’est acquis : mon second roman, écrit en 2005, ne correspondait pas à ce que publiait mon premier éditeur. J’ai donc dû repartir à l’attaque en 2006, pour trouver un éditeur en 2007, pour une publication en 2008.
-Peux-tu nous parler de tes deux maisons d’éditions et des rapports que tu entretiens avec elles ?
Il s’agit, dans les deux cas, d’éditeurs indépendants, situés en Province. Les Editions Créer, qui ont édité mon premier roman, sont basées en Auvergne et existent depuis trente ans. Elles publient principalement des ouvrages sur le patrimoine, l’architecture, les traditions régionales et quelques romans, surtout des romans historiques ayant un lien avec l’Auvergne. « Le Mariage d’Anne d’Orval » a donc logiquement trouvé sa place ici.
Les Editions du Pierregord, installées en Dordogne, ont vu le jour il y a trois ans, et ont voulu constituer et faire grandir rapidement un catalogue comportant uniquement des romans. Ils touchent à tous les domaines de la fiction : romans policiers, romans historiques, fantasy, romans « contemporains ».
Avec ces deux éditeurs, j’entretiens des rapports vraiment agréables. Les échanges autour des textes, des couvertures, des présentations ou des actions de promotion, se passent dans un esprit de partenariat : nous sommes dans le même bateau, avec la même destination : faire connaître nos livres. Je retrouve ici la même volonté que celle qui m’a permis de donner le jour à mes romans.
Dans la pratique, nous ne nous voyons pas beaucoup, puisque nous sommes assez loin les uns des autres, mais les échanges sont fréquents, pour se tenir au courant des différentes actions en cours, et on se retrouve aux salons du livre. Et quel que soit l’environnement ou l’intérêt que nous portent les visiteurs, l’ambiance est toujours chaleureuse. C’est un côté de la vie d’écrivain que je suis heureux d’avoir découvert.
-Quelle est ta méthode de travail ? Tu prépares un plan, des fiches avec les personnages, sais-tu toujours où tu vas? Le temps que tu consacres à écrire ?
D’un roman à l’autre, je peux travailler un peu différemment, surtout parce que j’aime changer les contraintes que je m’impose.
Mais ma « méthode » débute dans la plupart des cas par une phase de «mise en condition» : je dois faire «comme si j’y étais» (pour que les lecteurs aient ensuite la même impression). Alors, une fois que l’idée centrale est née, je cherche à encadrer au maximum l’univers du roman : je rédige donc des « fiches signalétiques » pour chaque personnage, des descriptions des lieux ; je peux aussi m’appuyer sur des photos, des dessins, des cartes, des plans… que je dessine moi-même si le lieu n’existe que dans mon imagination. J’établis aussi un calendrier des évènements du roman et des antécédents des personnages (dans la limite de ce qui est utile pour l’histoire, bien sûr). En même temps, je commence à accumuler la documentation et à m’en imprégner pour me sentir encore plus dans l’ambiance.
Je définis aussi de quelle façon je vais raconter mon histoire : mode de narration, structure du roman (basée notamment sur le positionnement de certaines « révélations »), registre de langage (éventuellement différent d’un chapitre à l’autre si j’utilise plusieurs modes de narration en alternance).
A ce stade, je peux aussi avoir déjà écrit quelques pages ou quelques phrases clés.
Tout ça, c’est bien beau, mais une fois lancé dans l’écriture proprement dite, je peux être amené à tout balancer aux orties. C’est ce qui s’est passé avec mon premier roman, dans lequel l’idée de départ à totalement disparu, les personnages ont été remplacés par d’autres, le ton de l’écriture a même évolué pour mieux coller au sujet. Le premier jet n’avait donc rien à voir avec le roman final.
Tout cela pour dire que je crois souvent savoir où je vais, mais mes personnages m’emportent parfois ailleurs. Alors je recommence tout : les fiches, la structure, le roman en entier… Ça fait partie du jeu !
Concernant la phase d’écriture, je peux travailler dans l’ordre des chapitres (même si je laisse parfois des blancs que je viendrai compléter ensuite, notamment si ce sont des passages qui nécessitent d’utiliser de la doc), mais je peux aussi travailler dans le désordre : une fois que la structure est établie, et que je sais ce que je vais mettre dans chaque chapitre, je choisis celui que je vais rédiger selon mon inspiration ou mon niveau de préparation documentaire ou selon mon humeur du jour.
Ensuite, vient la phase de relectures (le « s » est important), pour juger la cohérence de l’ensemble (au niveau du sens), mais aussi l’équilibre des différentes parties. Après, arrive la phase la plus « ludique » : « le grand nettoyage » : je fais la chasse aux répétitions, je tronçonne les phrases trop longues, j’améliore les phrases bancales ou obscures et je me désole en découvrant les fautes d’orthographes abominables que j’ai pu commettre !
Concernant le temps d’écriture, je serai bien incapable de répondre. C’est un peu par-ci, un peu par-là, un peu dans le train, un peu au soleil, un peu en pleine nuit… Alors en tout, j’ai mis deux ans pour mon premier roman et un an pour le second. Sinon, le troisième a été commencé il y a quinze ans : je suis en train de réécrire entièrement un manuscrit refusé partout à l’époque.
-Lorsque tu écris, fais-tu relire à des proches au fur et à mesure? Est ce que leurs réactions, réflexions peuvent t'amener à modifier le cours de ton développement?
Du fait de ma méthode, je ne fais relire que lorsque que j’ai fini tout le roman (ou bien s’il ne reste que quelques petits passages à compléter, mais qui n’ont pas d’impact sur l’intrigue ou la structure).
Par contre, une fois terminé, le roman passe à la moulinette : mes relecteurs familiaux ou amicaux sont sans pitié et ne se contentent pas de corriger les fautes : ils me soumettent aussi leurs avis sur la lourdeur d’une phrase, la clarté douteuse d’un passage… Je prends en compte leurs avis dans la plupart des cas. Mais cela ne touche que le style ou la compréhension du texte, jamais le cours du développement.
-Crois-tu un jour pouvoir vivre de tes écrits?
Croire est toujours permis. En attendant, j’écris.
-Tu penses quoi de la publication en ligne?
La publication en ligne gratuite est une méthode intéressante pour faire connaître des écrits qui, sinon, resteraient dans le fond du tiroir parce qu’ils n’ont pas trouvé d’éditeur. Moi-même, j’ai choisi de mettre sur mon blog mes poèmes et mes nouvelles. Je me dis que, comme ça, au moins, ils seront lus… et donneront peut-être envie de découvrir mes romans.
La publication payante permet au lecteur d’avoir un roman moins cher qu’en librairie, mais, personnellement, je préfère quand même un livre « en vrai », palpable, que l’on glisse dans sa poche pour le lire n’importe où.
-Tu lis énormément, tu évalues d’ailleurs chaque livre, comment trouves-tu le temps de lire autant ?
«Enormément» me semble un peu exagéré. D’autant plus que j’ai des périodes de «boulimie» et des phases sans lecture. Pendant l’écriture de mon premier roman, j’ai passé plusieurs mois sans ouvrir un livre : je ne lisais que mon manuscrit, de la documentation, mon manuscrit, des livres d’histoire, mon manuscrit… et des BD.
En ce qui concerne les évaluations, je le fais parce que ça me fait plaisir d’échanger des avis avec d’autres lecteurs. Et j’aime aussi relever, dans certains livres, des éléments qui m’aident à avancer en tant qu’écrivain.
Quant au temps nécessaire pour la lecture (si je ne suis pas en phase d’écriture intense), je ne le trouve pas : je le prends.
-Qu’est ce que cela t’apporte d’avoir un blog ? Quel rapport entretiens-tu avec ce média en ligne ?
En créant mon blog, je ne savais pas trop ce que ça pourrait m’apporter. Je me disais simplement que ça donnerait une visibilité supplémentaire à mon roman. J’ai rapidement découvert qu’on était des dizaines d’écrivains dans le même cas et que j’étais donc finalement aussi visible que tous les autres… ou aussi peu visible, ça dépend si la bouteille à moitié vide est en train de se remplir ou pas.
Au bout du compte, ça m’a quand même permis de faire connaître mon livre un peu plus largement (ça n’a quand même pas été la ruée dans les librairies le jour où j’ai mis mon blog en ligne), mais ça m’a surtout permis des rencontres (virtuelles mais aussi réelles dans certains cas), des échanges (de livres, de musiques…), et des partages avec d’autres auteurs (et on se rend compte que l’on vit beaucoup de choses semblables), mais aussi d’autres artistes, des lecteurs, ou encore des blogueurs qui ne se revendiquent pas artistes, mais aiment les mots, les images, la musique. La portion de la blogosphère que je visite est une espère ce corporation diffuse de créateurs, indépendants, enthousiastes, souvent émouvants, parfois amusants, toujours enrichissants.
-Que penses-tu des séances de dédicaces ?
On se marre / on s’ennuie,
On parle avec plein de gens / on s’endort,
On vend rien / on vend bien,
On bouffe mal / on se régale
… et parfois on tombe sur une perle : un lecteur enthousiaste, un autre auteur avec qui partager ses impressions, une femme qui ressemble à l’héroïne du roman que l’on présente…
En fait, je n’ai jamais fait deux séances identiques. Et parfois, la surprise vient dans des lieux où on ne l’attend pas.
-Quels sont les auteurs que tu admires ? Ton livre de chevet ?
Vian, Balzac, Irving, Modiano, Agatha Christie, Fred Vargas.
En 2007, j’ai aussi fait trois découvertes qui m’ont marqué : Hugo Boris, Solenn Colléter et Patricia Parry (désolé de mettre le monsieur en premier, mais je les présente par ordre d’entrée en scène).
Mon livre de chevet : “Le Monde Selon Garp” de John Irving.
-Ton chanteur préféré, Goûts musicaux ?
Ma préférence musicale est, depuis quelques années, le trio suédois de jazz « E.S.T. ». Sinon, mes goûts musicaux sont très larges, puisqu’ils vont d’Oscar Peterson à Iron Maiden, en passant par Ella Fitzgerald, Léonard Cohen, Pink Floyd, Cure, Marillion…
Pour te donner une idée, actuellement, je suis plongé en alternance dans le jazz du contrebassiste Avishai Cohen, les mélodies du pianiste québécois Michel Fournier et les guitares de The Editors. Trois univers très différents.
-Si tu n’avais pas pu être édité, aurais-tu continué à écrire malgré tout ?
Oui.
Je n’ai pas été édité il y a quinze ans et j’ai continué à écrire. Même si j’ai connu un passage à vide, j’ai toujours gardé un lien avec les mots, ne serait-ce que dans un poème de quelques lignes… jusqu’à ce que l’envie d’écrire un roman s’empare de moi à nouveau, il y a cinq ans.
Etre édité est une reconnaissance du travail d’écriture, mais, bien avant cette reconnaissance, il y a le plaisir et bien avant le plaisir, il y a le désir (oui, oui, je parle bien d’écriture).
-Peux-tu nous parler de ton dernier ouvrage ? Ton actualité ?
Mon dernier roman s’intitule « Le Mariage d’Anne d’Orval ».
Comme son titre le laisse entendre, il est articulé autour d’un personnage féminin dont la vie est entièrement soumise aux autres protagonistes de l’histoire. De cette contrainte va naître un mystère dont la clé se trouve dans les cinq derniers mots. Les tricheurs peuvent commencer par lire cette dernière ligne : elle ne leur servira à rien s’ils n’ont pas lu le reste.
J’ai voulu rendre une ambiance médiévale précise dans les moindres détails, en m’appuyant sur une documentation très fournie, mais il ne s’agit pas d’un roman historique : tous les personnages sont inventés et m’ont surtout servi à explorer un large éventail de sentiments et de profils psychologiques, et à construire une intrigue, de plus en plus serrée au fil des pages, et qui oscille sans cesse entre romantisme et violence... jusqu’aux cinq derniers mots.
Au mois d’avril prochain sortira mon second roman, « Le Sixième Crime ».
C’est un huis clos en plein soleil, qui ne comporte pas cinquante personnages comme le précédent, mais seulement deux : un policier et un romancier, le plus grand romancier francophone des cinquante dernières années.
D’autres visages apparaissent au cours de leur confrontation. Lequel d’entre eux sera l’auteur du sixième crime ? Et qui en sera la victime ?
-As-tu des retours de lecteurs ?
Oui. Je ne cacherais pas que ça me fait énormément plaisir de savoir ce que les lecteurs ont pensé de mon roman. Et à chaque nouveau commentaire positif, j’ai des petites ailes qui me poussent dans le dos.
Même si j’apprécie tous les commentaires, ça me fait tout drôle quand des passionnés d’histoire me disent que mon roman est très bien documenté, ou quand un pianiste me vante le rythme de mon style. J’ai alors l’impression que, même si ces éléments ne sont pas les plus apparents, l’énergie qu’ils m’ont demandée est reconnue.
-Qu’est ce que cela t’a apporté de voir ton livre exister ?
Une joie immense. Et aussi une autre idée de mon écriture : elle était jugée comme « valable » par quelqu’un que je ne connaissais pas et qui ne me disait pas « C’est bien » juste pour me faire plaisir. Cela s’est confirmé ensuite par les commentaires de lecteurs qui, eux non plus, n’avaient pas d’autre raison d’aimer le roman que le roman lui-même.
-Un prochain livre en projet ?
Non, trois.
Je suis en train de réécrire un roman que j’avais achevé il y a quinze ans (en le croyant parfait, mais j’ai revu mon jugement, surtout avec l’éclairage du comité de lecture de mon second éditeur).
J’ai aussi un autre manuscrit, terminé il y a un an, que je vais reprendre pour le peaufiner. Enfin, j’ai un projet pour lequel j’ai réalisé déjà toutes les premières phases (telles que je les décrivais en répondant à ta question sur ma « méthode »). J’en ai déjà rédigé une centaine de pages (et notamment la toute dernière), puis je l’ai mis de côté il y a un an ; je pense m’y remettre d’ici cet été.
-Question finale : Es-tu un homme heureux ? Te reste t-il encore des rêves à accomplir ?
Oui, ma femme, mes enfants et le plaisir d’écrire sont mon bonheur.
Et cette vie est la réalisation de rêves anciens… que je continue à rêver et réaliser jour après jour.
Parmi mes autres rêves à accomplir, il y a notamment la possibilité de pouvoir me consacrer entièrement à l’écriture (futurs lecteurs, ce message subtil vous est destiné…) et aussi d’autres rêves qui concernent les personnes qui m’entourent.
Merci Sébastien pour ce bel interview aux réponses enrichissantes!
Retrouvez le: ICI!
Rédigé à 06:00 dans L'interview In de la semaine! | Lien permanent | Commentaires (12) | TrackBack (0)
Retrouvez cet interview sur le blog des éditions Pietra Liuzzo.
Jean-Noël Lewandowski est né le 23 décembre 1947 à Floringhem, dans le Pas-de-Calais.
Région à laquelle il reste profondément attaché, comme en témoignent notamment trois de ses romans, « La Passée
Il vit depuis 1993 dans le Loir-et-Cher où il a occupé jusqu’en 2007 un emploi dans l’administration publique. Là, cet ancien des Beaux-Arts et du Conservatoire national de Musique de Douai, se découvre une autre passion : l’écriture.
Depuis 1999, il a écrit et publié douze ouvrages, dont un recueil de poèmes et de nouvelles.
-Comment vous êtes-vous mis à l'écriture ? Le vécu, l’imaginaire ?
Je me suis mis à l’écriture avec un grand "É" d’une façon fortuite. Je veux dire que jusqu’à ce que je puisse le faire sérieusement, je n’avais jamais eu suffisamment de temps pour concrétiser cette envie qui me taquinait depuis ma plus tendre enfance, en réalité, depuis mes premières années d’école.
J’ai eu la chance d’avoir une mère institutrice et de ce fait, à quatre ans, je savais lire et écrire.
J’ai commencé comme beaucoup par des poèmes, puis, en raison de mon éloignement du milieu familial, aux alentours de mes dix-huit ans, j’ai entretenu des correspondances de plus en plus élaborées sur les évènements du monde, en gros de la fin de la guerre d’Algérie à mai 1968. Ces lettres me procuraient beaucoup de plaisir tant par leur écriture par le retour que j’en avais.
Mes premiers textes imaginés sont arrivés beaucoup plus tard, avec la maturité.
-Qu’est-ce qui vous a poussé à coucher des histoires sur le papier ?
C’est ici qu’entre en jeu l’aspect fortuit que j’évoque plus haut. En 1997, le temps qui m’avait jusqu’alors tellement manqué m’a été accidentellement donné. Trois longues années de repos forcé que j’ai mis à profit pour coucher sur le papier "Le" livre déjà presque écrit dans ma tête.
Il m’a fallu deux ans pour rédiger les neuf cents premières pages de la saga Kreatera, laquelle, dans sa version finale comprend trois volumes sortis chez Ixcéa.
-Avant d’être publié, diriez-vous que vous avez vécu un réel parcours du combattant ?
J’ai eu la chance de rencontrer assez tôt dans mes démarches un éditeur, Xavier Tacchella à qui j’ai soumis le manuscrit de Kreatera.
En même temps que je travaillais sur cette saga, et afin de prendre du recul par rapport à l’histoire, j’ai entrepris l’écriture d’un tout petit roman de 80 pages « La Passée
Par la suite, Xavier Tacchella, m’a proposé un contrat d’édition participatif pour Kreatera et trois autres ouvrages.
Naturellement, avant de passer à l’acte la première fois, j’avais démarché des dizaines de maisons d’édition plus ou moins sérieuses.
-Quelle est votre méthode de travail ? Vous préparez un plan, des fiches avec les personnages, savez-vous toujours où vous allez ? Le temps que vous consacrez à écrire ?
Je travaille quand l’inspiration est là. J’ai une idée générale.
J’écris un rapide synopsis et rédige quelques fiches que je complète au fur et à mesure que mes personnages se découvrent. Souvent, ce sont eux qui me soufflent ce que je dois faire.
« Je les suis suffisamment de près pour entendre les battements de leur cœur et les murmures de leur âme. »
Je revendique au passage la paternité de cette formule même si elle a été reprise par d’autres, ce qui prouve qu’ils l’ont trouvée bonne.
L’écriture est devenue mon activité principale depuis que je me suis retiré de la vie professionnelle en 2004. Les salons, les dédicaces, les rencontres entre auteurs sont autant d’activités corollaires qui m’occupent désormais.
-Comment vos proches vivent le fait d’avoir un auteur comme parent, ami ?
Vivre avec auteur, c’est accepter ses absences, ses réponses lointaines, sa déconnexion d’avec la réalité, ses départs immobiles, comme je le dis dans « Les ans volés ».
Lorsque je suis avec mes personnages, sur telle ou telle scène, dans telle ou telle situation, les évènements extérieurs n’ont plus aucune prise sur moi et il me faut du temps pour me connecter à nouveau au quotidien et à ses contraintes.
Combien de fois ai-je entendu des personnes de mon entourage dire : « Mais si, je te l’ai dit hier… Tu ne m’écoutais pas, tu étais ailleurs, bien sûr… »
Je ne dois pas être seul dans ce cas, je crois... (sourires)
-Lorsque vous écrivez, faites-vous relire à des proches au fur et à mesure? Est-ce que leurs réactions, réflexions peuvent vous amener à modifier le cours de votre développement?
La relecture par des proches n’est pas systématique. Leur avis ou leurs critiques manquent obligatoirement d’objectivité, ce qui est bien normal. C’est la raison pour laquelle je fais relire et parfois corriger par des amis eux-mêmes auteurs, mais seulement quand le bouquin est terminé. Il m’est arrivé de tenir compte de leurs conseils pour donner une orientation différente à telle ou telle scène. Ainsi, j’ai dû réécrire l’épilogue du roman « Le destin de Nora » que l’éditeur Xavier Tacchella trouvait trop dramatique.
-Croyez-vous un jour pouvoir vivre de vos écrits ?
Je ne pense pas. Peu d’auteurs, de toute façon, parviennent à vivre de leur plume. Écrire reste donc pour moi un plaisir.
-Que pensez-vous de la publication en ligne ?
C’est dans l’air du temps… Beaucoup y viennent. Cette formule m’a tentée un moment, mais elle ne remplacera jamais le bon livre papier, que l’on possède, que l’on feuillette. Un livre est un objet pas comme les autres… Le livre est un ami qui ne vous quitte pas.
-Que pensez-vous des séances de dédicaces ?
D’une façon générale, le public s’imagine qu’un auteur est un être inaccessible. Il est intimidé par le mot « écrivain » ou « auteur ». Les séances de dédicaces donnent alors à l’auteur l’occasion d’aller à la rencontre du lecteur, et d’engager avec lui un dialogue afin de lui démontrer qu’il est un homme ou une femme comme les autres.
-Trouvez-vous encore le temps de lire?
Je ne sais plus qui a dit « Écrire, c’est lire deux fois ». De toute façon, j’évite de lire lorsque je suis plongé dans l’écriture d’un manuscrit. J’ai peur que ma lecture n’influe sur mon travail. J’essaie donc de combler le retard aux périodes de vacances.
-Quels sont les auteurs que vous admirez ? Votre livre de chevet ?
En dehors des grands classiques français, dont émerge Zola, j’aime la littérature américaine. John Steinbeck, Pearl Buck, Ernest Hemingway, Isaac Asimov, Stephen King font ployer dangereusement les étagères de ma bibliothèque.
Je n’ai pas de livre sur mon chevet pour les raisons évoquées plus haut. En revanche, le livre qui sort le plus souvent des rayonnages n’est pas un roman, mais un ouvrage hors norme et passionnant sur le métier de l’écriture, intitulé « Mémoires d’un métier - Écriture » de cet immense écrivain qu’est Stephen King.
-Côté musique, avez-vous une tendance particulière ?
Parmi les classiques, j’aime les symphonies de Berlioz, de Wagner, de Beethoven et d’Anton Dvorak, mais aussi les opéras italiens, avec une préférence pour la Norma
-Si vous n’aviez pas pu être édité, auriez-vous continué à écrire malgré tout ?
Je ne sais pas. Peut-être me serais-je tourné vers une autre forme d’expression, la musique ou la peinture que j’ai délaissée au profit de l’écriture.
-Pouvez-vous nous parler de votre dernier ouvrage ? Votre actualité ?
Mon dernier ouvrage, « Les trésors d’Aiguevives », est à paraître chez Pietra Liuzzo Edition au cours du premier semestre de cette année. Cette fois, je mets en scène une jeune femme un peu perdue qui décide d’aller à la rencontre de son destin. Les apparences sont souvent trompeuses et les gens qu’elle croise réservent parfois bien des surprises. J’ai pris pour cadre la région Centre que j’habite depuis 1993 et que j’aime beaucoup. L’héroïne nous fait voyager de Bourges (18) à Amboise (37) en passant par Montrichard (41)
-Avez-vous des retours de lecteurs ?
Sur mon site d’auteur, http://www.jean-noel-lewandowski.fr, des lecteurs laissent parfois des commentaires sur mes romans. J’ai la chance d’avoir des lecteurs fidèles qui se procurent systématiquement mes romans et qui me disent attendre avec impatience le suivant. « Les trésors d’Aiguevives » sera mon onzième roman paru.
Le douzième est en cours d’écriture.
-Question finale : qu’est-ce que cela vous a apporté de voir votre livre exister ?
D’abord, une immense joie, comme à l’annonce d’une naissance, puis des craintes au moment de le feuilleter… A-t-on laissé passer une faute, n’y a-t-il pas de malfaçons, de coquilles ? Ces émotions reviennent à chaque parution.
Puis un curieux sentiment, celui de voir partir une chose que l’on a aimée, que l’on a créée, sur laquelle on a souffert, parfois.
Écrire, c’est un peu comme accoucher, bien que ce mot soit un peu fort. Une fois le livre publié, il ne nous appartient plus, il appartient au lecteur. Ce que l’on souhaite alors, c’est qu’il l’aime et l’adopte.
Site de l'auteur:
http://www.jean-noel-lewandowski.fr
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