Né en 1965 à Senlis, Bruno Bonvalet, fils d’instituteur, grandit entouré de livres.
Après quelques errances dans le milieu commercial parisien, il devient professeur des écoles dans la Somme.
Papa
de trois enfants, il essaie de concilier sa vie de famille, son métier et ses activités artistiques.
La musique et l’illustration l’intéressent mais sa préférence va vers l’écriture jeunesse qui demeure à n’en pas douter son leitmotiv culturel.
Il commence également en toute modestie à témoigner par écrit de son expérience en tant qu’enseignant.
-Comment vous êtes-vous mis à l'écriture ? Qu’est-ce qui vous a poussé à coucher des histoires sur le papier ? Le vécu, l’imaginaire ?
J’ai toujours aimé écrire. Sur des bouts de papier, sur mes tables d’écolier (oh !), sur ma main, sur des agendas… Puis, petit à petit, tout cela s’est organisé. De lettres en mots, de mots en paragraphes, de paragraphes en chapitres et de chapitres en livres, la machine s’est mise en marche.
L’imaginaire est ce qui me pousse le plus à écrire mais en réalité, toute situation de la vie des autres ou de la mienne peut devenir ma source d’inspiration. Etant professeur des écoles, les occasions de satisfaire ma quête incessante d’idées ne manquent pas.
-Avant d’être publié, diriez-vous que vous avez vécu un réel parcours du combattant ?
Je ne sais pas si c’est le terme qui convient mais je dirais simplement que, même si le système éditorial français est plus ouvert qu’en Angleterre par exemple, il y a tout intérêt à être un battant (sans le « com » !). Parfois, les portes se ferment et vous ne savez pas pourquoi. Pour ma part, j’ai publié mon premier roman jeunesse à compte d’auteur pour me mettre le pied à l’étrier. Aujourd’hui, comme l’éditeur attend de son auteur du talent, j’attends de lui une reconnaissance et un soutien qui ne peuvent émaner que d’un contrat à compte d’éditeur en bonne et due forme.
-Quelle est votre méthode de travail ? Vous préparez un plan, des fiches avec les personnages, savez-vous toujours où vous allez ? Le temps que vous consacrez à écrire ?
En général, je mets assez rapidement en place un plan en sachant qu’il ne me servira que de fil rouge approximatif. Lorsque j’ai terminé un manuscrit « premier jet », je le laisse reposer plusieurs mois avant de l’aborder à nouveau. Avec un œil neuf, un stylo en guise de tronçonneuse pour des coupes sans merci, je me remets au travail. Répétitions, fautes, longueur… pas de pitié pour les ennemis de la clarté. Surtout en littérature jeunesse !
J’écris dès que je le peux… la famille, c’est sacré et cela demande du temps. Le soir m’est plus propice. Si je pouvais écrire la nuit, je le ferais. On verra plus tard. Ce dont je suis sûr, c’est que je me débrouillerai chaque jour de ma petite existence pour que l’écriture garde sa place de passion, une passion à la richesse formidable d’un trésor qui vous aide à vivre et à aimer les autres.
-Comment vos proches vivent le fait d’avoir un auteur comme parent, ami ?
Ils en sont ravis, à condition que je n’en parle pas tout le temps. J’ai tellement envie de communiquer ma joie d’écrire ! Pour mes enfants, ils sont fiers et lorsque j’ai l’occasion d’intervenir dans leur classe en tant qu’auteur jeunesse, c’est magique. Il y a mes élèves également, souvent moins indulgents car plus objectifs. Leurs critiques peuvent être aussi acerbes que celles des critiques littéraires les plus féroces… ou aussi élogieuses.
-Lorsque vous écrivez, faites-vous relire à des proches au fur et à mesure ? Est-ce que leurs réactions, réflexions peuvent vous amener à modifier le cours de votre développement ?
La première lecture est le privilège de ma compagne qui essaie d’être sévère et juste, pour mon bien ! Je lui présente en général un travail terminé. Il arrive aussi que je lui lise un passage que je trouve réussi pour le plaisir. Son avis m’importe beaucoup. Même sans mots, à son simple regard, je devine son opinion. Elle est donc parfois à l’origine de changements ponctuels dans le cours du récit.
-Croyez-vous un jour pouvoir vivre de vos écrits ?
Y croire, je ne sais pas. En tout cas, au niveau de la littérature jeunesse, j’aimerais d’ici quelques années pouvoir travailler à mi-temps en tant qu’enseignant et l’autre, en tant qu’auteur. Il faut que ce soit possible financièrement. La reconnaissance doit se construire patiemment. Petit à petit, l’oiseau fait son nid. Mon adhésion récente à la Charte
des auteurs et Illustrateurs jeunesse est en l’occurrence une bonne chose.
Ce qui est sûr aussi, c’est que je veux pouvoir profiter de mes enfants pendant qu’ils sont petits. De plus, j’adore mon métier et je ne me vois pas ne plus avoir de contact avec les enfants dans mon travail. Mes élèves, mes lecteurs pour certains, sont la plupart du temps formidables : ils m’aident à avancer.
-Que pensez-vous de la publication en ligne ?
Internet est un outil fabuleux. Personnellement, je m’en sers quotidiennement. Il faut vivre avec son temps. A moins de vouloir rester replié sur soi-même (à part pour méditer, cela me semble supprimer l’essence même de la vie), un tel outil de communication est béni des dieux. A partir du moment où l’on ne tombe pas dans les pièges des déviances de la toile, il ne faut pas hésiter.
Pour ce qui est de la publication en ligne, elle a le mérite de diffuser de manière rapide les écrits. Pourtant, je reste attaché au livre papier. On peut le prendre, le sentir, le partager, le prêter de manière concrète. De plus, il y a encore beaucoup de flou quant aux contrats régissant l’édition en ligne. On vous promet monts et merveilles et puis…
Je pense que l’édition traditionnelle reste la garantie d’une qualité d’écriture attendue par le lecteur.
-Que pensez-vous des séances de dédicaces ?
Elles sont humainement très riches. D’abord parce qu’elles rendent l’auteur accessible pour ses lecteurs. Il n’est plus qu’un nom sur la couverture. Ensuite, parce qu’elles permettent les rencontres avec d’autres auteurs, avec des libraires et une multitude de gens intéressés par la littérature. Il y a même des moments forts qui vous poussent encore plus dans l’envie de créer, d’écrire et de faire rêver. Je me souviens de cet ancien élève arrivant timidement avec un de mes livres dans les mains, les yeux écarquillés comme des perles de bonheur. Là, plus rien n’existe que lui et vous, la lecture et le livre, le lecteur et son auteur.
Amen.
-Trouvez-vous encore le temps de lire ?
Peu, je dois l’avouer. Mon chevet ressemble au rayon d’une librairie après un séisme. Ce n’est pas grave. Cela prend plus de temps, c’est vrai, mais je finis par tout lire quand même !
-Quels sont les auteurs que vous admirez ? Votre livre de chevet ?
J’adore André Gide et Daniel Pennac. J’ai bien sûr un faible pour les auteurs jeunesse comme Jean-Claude Mourlevat ou Annie Pietri. Actuellement, je me régale avec un roman jeunesse historique d’Annie Jay.
-Côté musique, avez-vous une tendance particulière ?
L’écriture, l’illustration, ok. Mais il faut bien que je vous dise, la musique a toujours fait partie de ma vie. J’ai failli en faire mon métier… c’est une autre histoire. Je pratique surtout le piano et la clarinette. Alors, la musique que j’aime est très variée avec trois points culminants qui sont Jean-Sébastien Bach, Wolfgang Amadeus Mozart et Jacques Brel. Mais il y a aussi Bruno Benabar, Mika, Charles Aznavour, Keith Jarret et tant d’autres. Oui, c’est un sacré mélange mais je n’aime pas beaucoup les étiquettes. On peut répertorier des genres mais qu’importent ceux-ci lorsque l’on parle de plaisir !
-Si vous n’aviez pas pu être édité, auriez-vous continué à écrire malgré tout ?
Oui, bien évidemment, mais je crains que mes histoires auraient été plus tristes, d’une tristesse imposée par ma déception.
-Pouvez-vous nous parler de votre dernier ouvrage ? Votre actualité ?
« Ronamel, juste pour leur dire au revoir… » est paru chez Pietra Liuzzo Editions en octobre 2007 dans la collection jeunesse et ados. Roman jeunesse du genre fantastique à partir de 10 ans, il fait la part belle aux créatures incroyables que Ronan et Armelle vont croiser lors de leur périple qui les mènera vers l’impensable. Je n’ai pas tardé à l’étudier avec ma classe et à tester le livret pédagogique qui l’accompagne. Cela s’est très bien passé (voir résultats sur mon site) et la satisfaction des élèves permit la mienne.
Cette idée de dossier pédagogique séparé, je n’aurais pas osé la réclamer à Pietra Liuzzo, mon éditrice. Le manuscrit comportait une partie pédagogique simplement rédigée à la suite du récit. Mais Pietra m’a d’elle-même proposé de la présenter dans un livret à part, du même format que le roman. Bonne idée !
Mon actualité à venir, c’est toujours chez Pietra Liuzzo Editions (collection jeunesse et ados) un autre roman jeunesse du genre fantastique intitulé « Le Revoyant » prévu pour fin 2008, avec l’histoire singulière du jeune aveugle Tom Marty qui pourra voir suite à une opération extraordinaire… Aux Editions De La Lune
, un essai pour adulte sur la pédagogie doit bientôt sortir : « Abécédaire bienveillant de la pédagogie à l’école, vers le bien-être de l’apprenant ». Plusieurs autres projets sont en cours et de nombreux salons m’attendent, comme celui de Paris en mars prochain.
L’aventure continue…
-Avez-vous des retours de lecteurs ?
Grâce à mon métier d’enseignant et à la nature principale de mes lecteurs qui sont les enfants et les ados, j’ai régulièrement des retours « en direct ». Sur le net, j’ai conçu un modeste site mais qui ne comporte pas de livre d’or. Cela n’empêche pas les avis par courriels. De même, au détour d’une rue, dans des courriers, il arrive de plus en plus souvent que l’on m’encourage à continuer.
Ce que je fais, pour vous servir.
-Qu’est-ce que cela vous a apporté de voir votre livre exister ?
Cela m’a apporté une myriade de choses dont certaines sont indescriptibles. Pour les autres, fierté, reconnaissances, motivation, joie, envie de partager en sont les maîtres mots. Le pire, c’est que j’ai l’impression que cela se reproduit à chaque parution.
« Elle est pas belle la vie ?!!! »
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