Partie 3:
-Le genre Policier te plaît, t'es-tu déjà essayé à d'autres genres ?
Oui j'ai écrit un roman historique avec des corsaires sous Louis XIV.
-Tu as choisi les éditions Coëtquen, peux-tu nous parler de leur politique éditoriale et de leur mode de fonctionnement ?
En fait c'est moi le fondateur des éditions Coëtquen (www.coetquen.com). Ne trouvant pas d'éditeur pour mon manuscrit, je me suis autoédité sous le nom de Coëtquen Editions (le Coëtquen était le nom d'un des bateaux du corsaire René Duguay-Trouin). Par la suite, quand j'ai créé la structure, j'ai gardé ce nom. La politique éditoriale est de publier des livres d'auteurs inconnus, que ce soit dans les genres policier, roman, témoignage, histoire. Le contrat proposé est un contrat à compte d'éditeur. Parallèlement, je propose aussi des prestations pour des personnes qui veulent s'auto-éditer ou autres, comme la mise en page, la recherche d'imprimeurs, etc. Dernièrement, j'ai fait un livre en cinq exemplaires pour une grand-mère qui retrace sa vie d'autrefois. Ce sera le cadeau de Noël pour ses enfants et petits-enfants.
A l'heure du numérique, n'importe quel auteur peut imprimer son ouvrage mais encore faut-il une mise en page professionnelle et un imprimeur ayant des prix corrects. Il n'est pas rare de voir des écarts de prix allant de 1 à 10 chez les imprimeurs. C'est là que je peux intervenir.
Concernant le mode de fonctionnement, j'indique aux auteurs sur mon site comment présenter leur manuscrit avant de l'envoyer. Ils peuvent aussi ne poster qu'une partie ou un résumé dans un premier temps.
Une fois le contrat signé, une souscription est lancée afin d'avoir au moins cinquante lecteurs. Le livre est imprimé dès que ce chiffre est atteint et réimprimé au fur et à mesure des commandes.
Comme tu le sais, il y a de plus en plus de livres alors que le nombre de points de vente n'augmente pas. Il est donc difficile pour les petits éditeurs de se faire une place sur les rayons. D'où l'intérêt de la souscription. En outre, elle présente un autre avantage pour l'éditeur et l'auteur. Celui d'être payé.
Je vais aborder un point dont on parle rarement : le paiement des libraires. Dans le milieu de l'édition, il est difficile de se faire éditer, il est difficile de diffuser ses livres mais il est encore plus difficile de se faire payer. Puisque tu me donnes la parole, je vais répondre à l'une des questions que tu poses sur ton blog, à savoir le manque d'explications des éditeurs quand ils envoient des lettres-type aux auteurs. J'avais la même démarche que toi auparavant, lorsque je n'étais qu'auteur. Maintenant que je suis des deux côtés, je comprends mieux leur démarche.
Par rapport à mon expérience personnelle, sur près de 400 points de vente ayant commandé au moins un livre, on peut voir que :
- 10% paient avant l'échéance.
- 20% paient à l'échéance.
- 70% ne paient que s'ils sont relancés (parfois plusieurs fois).
Or ces relances ont un coût (timbres, fax, appels téléphoniques). A l'heure de l'informatique, je ne pense pas que ce soit compliqué d'organiser les factures pour les payer à une date donnée. L'inconvénient, c'est qu'en ne payant pas, les libraires mettent en danger les petites maisons d'édition. Celles-ci ont leurs charges qui tombent à échéances fixes et elles ont besoin de leur trésorerie pour financer des nouveautés. Pour prendre une image afin que tout le monde comprenne, c'est comme si les gens allaient travailler pour leur patron sans être payé à la fin du mois alors que l'entreprise gagne de l'argent.
Quand les éditeurs envoient des livres aux libraires, ils ont payé l'impression et les frais de port. Ils ont besoin du paiement pour au moins couvrir ces frais. Si les libraires ne paient pas, à quoi bon envoyer des livres si c'est pour perdre de l'argent ?
Pour expliquer à un auteur ce qui ne va pas dans son texte et ce qu'il doit améliorer, il faut lire le texte. Or il faut savoir que la plupart des manuscrits ne sont pas lus dans leur intégralité. Pourquoi ? Voici quelques éléments de réponse :
- manuscrits mal présentés (texte sans interligne, texte tapé en tout petit, manuscrit non relié avec des feuilles volantes mélangées...).
- manuscrits avec des fautes.
- manuscrits mal écrits.
Quand un manuscrit présente un ou plusieurs des défauts énoncés ci-dessus, le lecteur n'a pas envie de perdre son temps à aller jusqu'au bout. Des éditeurs lisent uniquement les 5 premières pages pour "sentir" le texte. Si ce dernier ne donne pas envie au lecteur de poursuivre la lecture, ça s'arrête là. C'est un peu comme pour un casting de comédien ou de musicien : l'auteur a x pages pour convaincre.
Ce n'est pas parce que vous recevez une lettre-type qu'il faut abandonner. Surtout, je conseille de cibler les petites et moyennes éditions car c'est là que les auteurs ont le plus de chance d'être publié. Dans les grandes maisons, la sélection est très difficile. Elle s'opère sur les critères énoncés ci-dessus mais aussi sur d'autres, comme celui de la notoriété. Si vous n'êtes pas connu, il y a peu de chances que votre texte soit retenu même s'il est bon (le dernier Goncourt prouve le contraire, c'est l'exception qui confirme la règle). La vie des livres est tellement courte maintenant, qu'il faut qu'ils se vendent vite. C'est pour ça que l'on voit beaucoup de livres "people". Qu'ils soient écrits ou non par la personnalité n'a pas d'importance pour les éditeurs. Eux, ce qu'ils voient, c'est que la personnalité va pouvoir promouvoir l'ouvrage à la télé, dans les magazines, ce qui rend le placement en librairie plus facile. Ceci est plus difficile pour un auteur inconnu.
-As-tu déjà eu des retours de lectures, les lecteurs reviennent-ils vers toi pour te faire part de leur ressentis ?
Les lecteurs ont aimé même si certains reconnaissent que certains passages sont durs. J'ai suivi les conseils d'un cinéaste (dont j'ai oublié le nom) qui disait dans une interview à la télévision que pour qu'un film ou un livre policier soit bon, il fallait que le méchant soit réussi.
Dans mon livre, les méchants sont très méchants.
-Es-tu dans la préparation d'un prochain ouvrage ?
Oui, je suis en train de rassembler de la documentation.
Merci beaucoup Yannick pour tes réponses claires et tes précieux conseils!
Pour commander, envoyez un mail à [email protected]
livre au format PDF : 8 euros
livre au format papier : 15 euros port compris
Des informations sur le monde de l'édition très intéressantes, merci...
Rédigé par : Marie-Laure | 21 décembre 2006 à 19:19