L'heure des courses, liste en main, , baskets aux pieds!
Bons de réducs dans la poche et jean pour se déplacer vite.
Organisation, les produits non frais en premier, les gros paquets au bout du caddie, les sacs prépayés emportés.
La valse des visages qui tournoie... Rayon viande, ça se bouscule, promotion sur le cheval!
Rayon pâtisseries, chouquettes au goût de noisette...
La foule s'étend, les vigiles guettent.
Cris au rayon jouets, enfant en larmes à terre.
Petits vieux dans l'allée qui hésitent entre nouilles et coquillettes.
Rayon, bébé, attention gros bidons en masse!
Les livres, on fouine, certains s'assoient pour lire les bds...
Et elle dans tout ça, elle observe, absorbe ces vies, imaginent les voitures sur le parking...
Lasse, c'est toujours la même chose. Une fois par semaine, le grand rituel, les objets sont lourds, la caissière demande si on a la carte du magasin, discute avec sa voisine de gauche, attend un prix...
Et les caddies s'affolent, on entend les inspirations plus fortes des clients impatients, on remarque ceux qui prennent les caisses pour handicapés et femmes enceintes en détournant systématiquement le regard dès que l'un d'entre eux approche. Faudrait pas leur voler leur place!
On relit le ticket, boule à l'estomac! 200 euros de courses!!! Pfff, on a pourtant tout détaillé mais non c'est trop cher.
On s'esquive, on passe devant les boutiques, l'envie d'aller voir... Mais non l'heure tourne, on ne va pas rompre la chaîne du froid.
Et ces visages si différents, presque... inquiétants...
Elle s'assoit quelques minutes sur un banc et grignote des bonbons achetés pour les gosses. Mal au dos, mal au ventre, fatiguée...
Elle se demande à quoi ça rime? Faudra t-il indéfiniment refaire les mêmes gestes? La vie n'est-elle faite que de répétitions? Quel ennui, quelle soumission.
Le repas du soir serva vaillament réalisé, avalé en quelques minutes, la vaisselle, la téloche, le calin et le sommeil... Enfin.
Et demain? Demain ce sera du ménage, encore, toujours, le boulot, les gosses, le mari... Un peu de lecture, non elle n'a plus la force de rêver.
La nuit l'emporte et elle imagine alors s'enfuir... Des rencontres, des lieux inconnus, de l'aventure...
Le matin déjà, le parfum du café envahit la maisonnée, les yeux encore ensommeillés des enfants, le baiser complice du mari...
C'est bon, tout est là, c'est rassurant, rien ne change... Sauf le temps qui fait vieillir ses muscles et grandir ses rides.
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