Le salon du livre de Paris
Suite aux augmentations plus que conséquentes pour les locations de stands au Salon du livre de Paris (qui a lieu en mars de chaque année) , Serge Eyrolles publie et envoie une lettre pleine de bon sens.
La petite édition se bat au quotidien, nombre d’auteurs talentueux souffrent d’un manque de lecteurs par manque de projecteurs.
Si un livre n’existe pas aux yeux de tous comment pourrait-il être lu ?
Le bouche à oreilles, les salons et séances de dédicaces, quelques coupures de presse locales et surtout une volonté tenace de continuer. Ne jamais baisser les bras simplement parce que l’on croit en nos auteurs, en leurs écrits.
Pour ma part je ne comptais même pas aller au Salon du Livre de Paris, hormis le tarif il s’agit avant tout d’un rendez-vous pour les grands noms. C’est l’occasion en effet pour les lecteurs d’aller rencontrer les Stars de la littérature. Je suis la première à suivre ce mouvement étant admirative de beaucoup d’auteurs appréciés mais cela ne m’empêche pas pour autant de lire plus de livres méconnus que ceux conseillés par les grands groupes.
Bien sûr on peut s’en prendre aux librairies qui refusent de commander les ouvrages en vente ferme et préférèrent les dépôts, on peut aussi en vouloir à ceux qui organisent ces salons… mais avouez aussi que le lecteur a le choix de chercher hors des sentiers battus.
Si seulement on pouvait convaincre les personnes avides de lectures intéressantes, diverses et passionnantes qu’il suffit de cliquer, d’aller dans les salons régionaux, de lever les yeux lorsqu’un inconnu dédicace… Alors la petite édition s’imposerait plus facilement auprès de ces grands groupes.
C’est une affaire bien plus générale que ce constat d’augmentation de tarifs… Mais pourtant sans ce soutien comment approcher le lecteur ?
Monsieur Serge Eyrolles
Syndicat national de l’Édition
115, boulevard Saint-Germain
75006 Paris
Paris, le 12 octobre 2009
Copie à Monsieur le ministre de la Culture
Monsieur le Président,
Nous tenons, collectivement, à vous alerter sur l’orientation que semble prendre l’édition 2010 du Salon du Livre de Paris.
Depuis des années, le tarif « Trampoline », réservé aux éditeurs réalisant moins de 300 000 euros de chiffre d’affaires, leur permettait de disposer d’un stand de 9 m2 tout équipé pour la somme de 2 000 euros HT. Somme qui peut sembler dérisoire, mais est importante lorsque l’on connaît l’état de la trésorerie des petites maisons d’édition.
Au milieu du mois d’août, Reed, le concessionnaire du salon, a fait parvenir aux éditeurs sa proposition commerciale pour 2010. Et là, stupeur (mais stupeur étouffée par la chaleur estivale) : le tarif « Trampoline » est désormais exclusivement réservé aux primo exposants. Pour pouvoir bénéficier d’un stand équivalent, un petit éditeur ayant déjà participé au Salon devra dorénavant débourser plus de 4 300 euros HT, si l’on intègre au tarif de base toutes les « options » – obligatoires (assurance, inscription, compteur électrique, etc.).
Lundi 7 septembre 2009 : une réunion, initiée par Reed, s’est tenue au siège du syndicat dont vous êtes le président en présence d’une cinquantaine d’éditeurs et de l’équipe du Salon du Livre au grand complet.
M. Morisset, le commissaire du Salon, nous a expliqué qu’il avait décidé « d’accompagner davantage la petite édition » et que la suppression du tarif « Trampoline » pour les éditeurs ayant déjà exposé visait à simplifier l’offre commerciale.
Pourquoi cette augmentation de 115 % ? Nulle réponse ne nous a été apportée. Pourtant, il apparaît évident qu’en doublant le tarif des « petits » stands (il est à noter que le tarif des autres n’a, lui, pas évolué), le Salon du Livre risque très vite de se délester des petits éditeurs incapables de suivre cette inflation.
Lundi 20 septembre, Reed a mis au point une nouvelle grille tarifaire destinée aux petits éditeurs, en proposant le stand de 9 m2 à 3 519 €, ce qui « limite » la hausse à 1 519 €. Cette majoration, de 75 % tout de même, nous semble bien éloignée de la volonté annoncée par le
commissaire du Salon d’« accompagner davantage la petite édition ».
Inutile de rappeler que le Salon du Livre est pour tous les éditeurs – petits et gros – le moyen de nouer de nouveaux contacts avec lecteurs, libraires, bibliothécaires, journalistes…
Nous souhaiterions connaître votre position sur cette augmentation et savoir qui en est l’initiateur. Est-ce le SNE, propriétaire du Salon, ou bien votre prestataire Reed ?
Depuis quelque temps se murmure que certains aimeraient voir le Salon retrouver le cadre prestigieux du Grand Palais. Hélas, le mètre carré y est plus rare qu’à la Porte de Versailles et tout le monde ne pourra être de la fête, comme vous le confirmiez dans un entretien à Livres Hebdo en février 2009 en affirmant : « Si on retire les stands marginaux, on peut peut-être y tenir. » Devons-nous en déduire que nous sommes ces « marginaux » qu’il faut commencer à éloigner ?
Dans l’attente de vos éclaircissements sur une situation que nous jugeons alarmante pour la politique du livre en France, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre considération la plus distinguée.
Valérie Millet, Les Éditions du Sonneur
Laurent Seminel, Menu Fretin
Francis Combes, Le Temps des Cerises
Edmond Janssen, Éditions Delga
Gérard Cherbonnier, Éditions Le Petit pavé
Jean Ferreux, Téraèdre publishing
Dominique Gibert, Diateino
Dominique Tassel, Éditions Albertine
Alain Gorius, Éditions Al Manar
Guillaume Zorgbibe, Éditions du Sandre
Michel Chandeigne, Éditions Chandeigne
Pascal Arnaud, Éditions D’un Noir Si Bleu
Émeric Fisset et Marc Alaux, Éditions Transboréal
Thierry Marchaisse, Éditions Epel
Laurence Teper, Éditions Laurence Teper
François Plisson, Éditions de La Fibule
Xavier D. de Casabianca, Éditions Éoliennes
Marie Kattie, Présence africaine Éditions
Thierry Boizet, Éditions Finitude
Pierre Picy, Éditions Kailash
Christophe Sedierta, Éditions de la Dernière Goutte
Yves Frémion, président du MOTif
Susanne Juul, Gaïa Éditions
Sylvie Vacher, libraire
Brigitte Bouchard, Les Allusifs
Samuel Seguin, Éditions Fata Morgana
Paule Martigny et Alain Vollerin, Mémoire des Arts
Jean-Luc A. d’Asciano, Éditions L’OEil d’or
Xavier Legrand-Ferronnière et Anne-
Sylvie Homassel, Éditions Le Visage vert
Sabine Bucquet-Grenet, Les Éditions de l’Épure
Arnaud Fournier, Stalker Éditeur
Claire Paulhan, Éditions Claire Paulhan
Frédéric Jaffrenou, Éditions Isolato
Pierre Marchant, Éditions Calleva
Catherine Desjeux, Éditions Grandvaux
Marjolaine Pereira, Éditions Millefeuille
Gérard Pourret, Éditions Mouck
Nicolas Gary, Actualitte.com
Pascal Pratz, Asphodèle éditions
Pascal Boulanger, bibliothécaire, auteur
Thomas Seurat, librairie Grangier (Dijon)
René et Alice Turc, éditions Grandir
Éliane Huber, libraire
Monique Subra, éditions du Carbardès
Étienne Galliand, Alliance des Éditeurs indépendants
Benjamin Jugieau, TDO éditions
Maryline Larret, bibliothécaire
Caya Makhélé, Éditions Acoria
Déborah Dupont-Daguet, librairie Gourmande (Paris)
Élise Milicevic, Éditions 1793
Évelyne Philippe, Éditions de Bourgogne
Valérie Marty, Éditions Créer
Gilles Seegmuller, Éditions de l’Onde
Patrick Lefrançois, Éditions Pascal
Marie-Hélène Alba, Éditions du Lys noir
Isabelle Drouin Soubrillard et Yves Soubrillard
Éditions Infrarouge
Martine Levy, La cause des livres
Raphaël Thomas, Éditions La ville brûle
Danica Urbani, Dadoclem
Jean-Luc Hadji-Minaglou, Éditions Lis et Parle
Philippe Raimbault, Les mots migrateurs
Jean-Christophe Pichon, Éditions Edite
Charles Merigot, Éditions de la Ramonda
Benjamin Lambert, Librécrit
Hugues Barrière, Autour du livre
Nicolas Bayart, Éditions Le Passager clandestin
Christian Sauvan-Magnet, Éditions Le Desk
François David, Éditions Motus
Gil Fonlladosa, Éditions In Octavo
Pourquoi aller au salon du livre si ce n'est pour rencontrer justement des nouvelles maisons d'éditions et de nouveaux auteurs...alors oui effectivement les grands connus c'est bien de les rencontrer, mais ils ont déjà pignon sur rue...des qu'ils sortent un nouveau livre, on ne se pose pas la question, on fonce l'acheter....Mais apres mes lectures de ces auteurs peu connus Wahou !!!!!je souhaite voir leurs livres en tête de gondôle...is sont géniaux et je ne sais plus ou donner de la tête tellement il y en a. Alors faites des efforts, le salon du livre n'est il pas la pour DECOUVRIR...
Vive la petite édition qui se bat pour faire découvrir ses auteurs de talent.....
Rédigé par : Angélique | 02 novembre 2009 à 08:27
bonjour,
je suis libraire depuis 20 ans et ce que je lis me fait sauter au plafond! Comment un libraire aujourd'hui peut-il rester en vie s'il doit payer les livres au cul du camion? Regardez la prise de risque des libraires. Si votre livre convainc le libraire,alors il sera mis en avant.Il existe un grand nombre de distributeurs et de diffuseurs qui acceptent des maisons d'édition de "petite taille" comme CED ou Harmonia Mundi,alors là,vous serez dans les librairies,
cordialement,
Pascal Cottin
Rédigé par : cottin pascal | 08 novembre 2009 à 18:52
Bonjour,
je suis éditeur depuis trois ans et j'ai signé la lettre mentionnée ci-dessus. Je ne veux surtout pas augmenter la polémique mais je tiens à répondre à Pascal Cottin (que je ne connais pas et qui visiblement s'intéresse à la "petite édition" puisqu'il prend la peine d'écrire une réponse).
J'ai des difficultés à faire connaitre mes livres. Cela n'est pas dû aux délais de paiement, ni aux délais de livraison, ni à aucune autre raison technique ou financière. (mes livres sont livrés en 72 heures partout en France, je pratique les remises et les délais qui satisfont largement les libraires quand je parviens malgré tout à retenir leur attention quelques secondes.)
Non, la raison principale qui fait que mes livres sont souvent refusés vient de ce que "je ne suis pas connu". Et contre cette raison là je ne peux évidemment rien dire ni faire. Puisque si l'on ne me donne pas d'occasion de me faire connaître, j'ai peu de chances de m'en sortir.
Je ne sais pas comment Pascal Cottin accepte ou non un livre. Mais je constate qu'un nombre croissant de libraires se comporte comme un fromager qui ne mettrait que des camemberts et du roquefort dans sa fromagerie parce que "ces fromages-là au moins il est sûr de les vendre".
(mon image n'a rien de péjoratif, j'aime le fromage et il en faut). Mais lorsque l'on n'aura plus que deux types de fromages en vente, je crains qu'on ne se lasse du fromager et qu'on se dirige vers d'autres systèmes de vente.
Je tiens à ajouter que mes livres, malgré tout se vendent, même en librairie. Il m'arrive de trouver des libraires qui lisent mes livres, s'enthousiasment et en vendent (certains libraires en vendent des centaines)mais ils sont rares, très rares.
Je connais aussi des libraires voisins qui lorsqu'un client vient leur demander un de mes livres répondent, après avoir cherché 3 secondes (pas plus) sur internet, "voici le telephone de l'éditeur, appelez-le directement ou allez sur son site, nous ce serait trop compliqué". Or certains de ses libraires, je peux les livrer dans la journée ! Se lamenteront-ils ensuite quand ce même client achètera directement sur Internet et plus chez eux ?
Charles Mérigot
éditions de la ramonda
Rédigé par : charles Mérigot | 09 décembre 2009 à 10:16
bonsoir,
je viens de trouver votre commentaire et bien que Normand, je ne choisis pas un livre comme un Camembert!!!
J'aime découvrir des livres et les mettre en avant.
Je ne prétends pas être critique, juste être libraire.
A bientôt de vous lire,
cordialement,
Pascal Cottin
[email protected]
Rédigé par : cottin pascal | 23 février 2010 à 20:28
La vie est faite de rencontres ... rien n'est plus juste et c'est cette phrase qui m'a incitée à poursuivre la lecture du billet. Il n'est pas récent mais bien d'actualité. Tout d'abord, par rapport aux précédents intervenants, je suis lectrice, ce que chacun appelle LE LECTEUR. J'ai la curiosité de visiter beaucoup de blogs, pour lire, acheter des livres ; et pour pouvoir continuer à lire et acheter (en fonction de ma pension de retraitée)je contacte chacun des exposants au salon afin de proposer mes services aux auteurs (les inconnus de préférence)et j'ai également envoyé des courriels aux signataires ci-dessus.
Je ne me ferai pas de publicité ici, ce n'est pas l'endroit et je soutiens les libraires courageux. Je pense néanmoins que le livre numérique va se développer et j'irai au salon pour me rendre compte. Cordialement.
Rédigé par : mth gosset | 12 mars 2010 à 17:22