La fille de l’autre côté de moi.
Celle au regard noir, celle qui a des larmes qui s’accrochent au bord des cils.
La fille de l’autre côté je ne la connais pas.
Pas très grande, pas très épaisse ; fière allure mais sourire absent.
Je m’approche d’elle, prête à donner mes rires et mes idioties pour réussir à capter son intérêt.
Loin d’être naïve, cette gamine, même pas dix-huit ans me surprend.
En l’écoutant, du haut de mes années bien tassées je réalise qu’être de l’autre côté ne veut pas dire :
Sucre, thé et miel à volonté.
Elle a dans l’âme quelque chose qui bouleverse.
Bien née, bien rangée.
J’aurais pu la placer au côté des belles poupées des vitrines magiques.
Celles qui me laissaient pensive au bout de la rue.
Elle raconte des trucs, des bidules. Elle a fait beaucoup de sport, a envie de recommencer à vivre…
Mais comment peut-on vouloir recommencer si jeune ? C’est où qu’elle a raté des années ?
Qui l’a donc déjà blessé ?
Pas de candeur, pourtant reine de la pudeur la fille de l’autre côté de moi m’inspire.
J’ai envie de la serrer fort, de lui raconter comme la vie est jolie avec de l’envie.
Qui je suis pour penser qu’elle ne le sait pas ?
Le lien est désormais tissé, j’ai envie de l’observer, de l’accompagner. J’ai envie de voir ce qu’elle va accomplir.
Je ne la sens pas ordinaire, elle a cette lumière cachée qui ne cherche qu’à imploser.
Gamine et pourtant déjà bien plus femme que moi elle n’est pas si petite, moins épaisse que son apparat.
Je place le miroir, j’oublie le temps et je la vois avancer. Son air mutin… on croit qu’elle est meilleure que les autres, que pour elle ça glisse.
Regard inquiet on sent bien des failles et des dérives.
La miss a brûlé ses ailes mais même avec des cannes elle survit.
C’est si fragile une gamine. C’est si tendre un bout de femme. Une grande dame, elle volera, j’en suis certaine, bien plus haut qu’un papillon.
Elle ne se cantonnera pas aux mares au-dessus desquelles les libellules rasent la surface de l’eau.
Elle, elle sera l’aigle. Tout en haut de la montagne, le regard noir, l’ouie attentive elle goûtera à la réalité de ses rêves.
Des voyages dans le cœur, de l’amour au bout des doigts et un entourage étrange l’emmèneront là où voudra bien aller.
Et moi… Je la regarderai, sourire au coin des lèvres, ses yeux rieurs et son espièglerie me rappelleront la gamine qu’elle aurait dû être.
Des voyages dans le cœur, de l’amour au bout des doigts et un entourage étrange l’emmèneront là où voudra bien aller.
La fille de l'autre côté de moi porte depuis hier un bien joli quolibet.
Attachée par des âmes, bulles de champagne et gestes amicaux, petit oiseau grandit...
Avant de devenir l'aigle elle aura la chance qu'on l'observe pour éviter qu'elle chute.
Les coups, les marques restent mais les épaules et les liens peuvent masquer bien des peines...
Avec le temps.
Très joli texte...
Rédigé par : Marie-Laure | 15 novembre 2008 à 15:31
Idem Marie-Laure, très très beau texte. Bon week-end à toi. Peux pas t'écrire aujourd'hui... lundi.
Rédigé par : Nath | 15 novembre 2008 à 16:15
Poupée glacée, attention la banquise rétrécit de jour en jour...pour se transformer en miroir...dans lequel je vois l'œil noir de l'aigle...
Très touchant ton texte...merci Elisa...
Rédigé par : Richtoo | 15 novembre 2008 à 20:41
Échangeons pour finir
nos délices d’abstraction
puis clouons les volets
car nous en sommes tous là
pour dire ce qu’on voudra
je n’ai jamais cru à
aucun paradis
aucune apocalypse
puisque tout est là
dans un lieu et un temps
qui gardera nos traces
pour rien
mais à jamais.
Rédigé par : Nono | 16 novembre 2008 à 10:56
Non seulement c'est très joli, mais ça inspire de la poésie à tes visiteurs! Bravo!
Rédigé par : Sandra | 17 novembre 2008 à 19:59