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« Envoyer son manuscrit... | Accueil | Louisy Joseph »

15 août 2008

Commentaires

DM

On ne voit le crapaud que quand on croit au prince charmant, Elisabeth ...sans aller vers l'indifférence, je crois que moins attendre ne permet que les bonnes surprises... l'amitié est une alchimie à dimensions variables dans le temps et la vie. Parfois l'autre s'éloigne parce qu'il ne peut plus donner ni recevoir; la faille est en lui plus qu'en nous. La vie telle que je la conçois n'est que rebonds sur des fonds et des bords de piscine ... toujours;

D.

Alain

Je squatte un peu les com, mais ce texte me fait trop penser à celui qui suit.
Il s'intitule ironiquement : "Scène de ménage"

"Aujourd'hui. A la maison. 14h34.

Ce soir, tu vas rentrer du boulot et tu vas venir voir si tu as du courrier. Tu y trouveras cette lettre et les autres, tu iras t'installer dans ton fauteuil et tu liras. C'est notre vie que tu auras sous les yeux.
Ma vie.
A côté de toi, à côté de ta vie.
Je ne supporte plus que tu me touches. Je ne sais plus faire l'amour. Je n'en éprouve plus le besoin. Je n'en ai plus aucune envie. Je ne pense pas que tu en sois la cause, je ne ressens plus rien, moi, en moi.
Mais nous sommes mariés.
Je n'ai pas vu le meilleur. Je ne doute pas de son existence et quand je regarde autour de moi, tout ce confort, je crois que nous avons confondu ces deux concepts.
Je vis le pire depuis une année.
Il devait déjà être là, depuis toujours, tapi dans un coin, un œil sur moi, à attendre une faiblesse, un geste, un signe, un simple clignement d'œil, peut-être. Il savait que son tour viendrait.
Il vit avec nous depuis un an. L'as-tu seulement remarqué, mon amour ?
Chaque fois que tu fais l'amour, tu violes.
J'ai beau ne pas bouger, garder mes mains le long de mon corps, je pas gémir, parce que je ne ressens rien d'autre qu'une brûlure, tu t'obstines à te faire plaisir. Depuis un mois, tu me dégoûtes même, à appliquer, pour mieux venir en moi, ce lubrifiant dont l'odeur me donne envie de vomir.
Je n'ai pas osé t'en parler. Tu n'as rien vu, ou alors, si tu as perçu quelque chose, tu n'as rien dis. Je préfère penser que tu n'as rien vu : ça me décevrait, autrement.
Alors, je t'écris cette lettre, qui passera entre deux factures.
Je veux te dire que je t'aime, et qu'après avoir poser cette lettre, tu pourras comme tous les jours, venir dans la cuisine, me serrer en m'enlaçant par derrière, et déposer ce doux baiser dans mon cou, une tendresse dont je suis accro. Tu pourras me dire que tu m'aimes, me demander ce qui se mijote sous les couvercles, et aussi me raconter ta journée.
Tu pourras faire tout ça et je serai là pour toi.
Je suis ta femme."

Gilles se leva, mit le courrier de côté et entra dans la cuisine. Il embrassa sa femme, se tenant derrière elle et lui déposa un doux baiser dans le cou.
Il tenait un sac en papier dans sa main.
- C'est pour toi, lui susurra-t-il à l'oreille.
Elle l'ouvrit et sortit les dessous en dentelle.
Qu'il aimait tant.
Il afficha un grand sourire, visualisant déjà la nuit torride qu'il allait passer (en fait de nuit, ça durait une minute, parfois deux).
Elle remit le cadeau dans le sac et dit:
- J'ai fait du poulet pour ce soir, avec des haricots verts. Tu veux qu'on ouvre une bouteille de vin ?
Mais il s'était déjà installé devant la télévision.

DM

Euh, Alain .... tu n'as trouvé que ça pour une future jeune mariée ????? l'espoir n'est pa forcément illusion, il est une force qu'on peut encourager. Et là.
J'ai connu ce que tu décris, identique, universel; et parfois, que le fond de la piscine est bas. L'impulsion qui crée à nouveau la vie est toujours en nous;
Et moi je dis qu'on peut la trouver avant plutôt qu'après, plus tôt que trop tard.

On devrait soustraire les jeunes mariées aux lectures sarcastiques.
Je n'ai pas dit aigries. devrais-je ?

D.

Alain

@ DM : Salut, D.

Je ne prétends pas connaitre Elisabeth, mais pour ce que j'ai lu d'elle et aussi ce qu'elle poste, je pense qu'Elisabeth est profondément pessismiste.
Elle ne vit pas, elle se bat.
Pas que la vie soit un calvaire pour elle, bien au contraire, elle sait en profiter.
Et c'est justement parce qu'elle est pessimiste qu'elle sait voir les petits bonheurs autour d'elle.
Mais, mais, mais... car il y a toujours un mais, elle veut aussi avoir à l'oeil tous les petits tracas qui pourrissent chaque instant. Parce qu'elle en a vu plus que son compte, déjà. Elle ne veut plus être prise en traitre.
Alors, j'en conclue qu'Elisabeth est une femme heureuse, qui sait ce qu'est le malheur et qui est capable de lire un texte sans en être affectée plus qu'elle ne le doit.

Le texte que j'ai posté est effectivement une scène de ménage sans cris, comme il en existe beaucoup, partout autour de nous. Est-ce en les ignorants que l'on vivra mieux ?
J'en conviens : ce n'est pas mon texte qui va révolutionner le comportement de ces couples.
Moi, j'écris. Je ne sais pas comment résoudre les problèmes que je vois.

D, je suis désolé que tu aies eu à vivre cette situation, sincèrement. Je crois comprendre que tu en es sortie. Tu devrais écrire un texte qui raconte comment. Tu serais plus utile que moi. Moi, j'écris, seulement.

Amicalement,

Alain.

PS : Heu, Babeth, la description que je fais de toi, n'engage que moi, bien sûr.

@Alain

Merci Alain, ce que tu écris est très beau ici. J'ai déjà eu plusieurs vies et oui, je considère aussi que vivre est un marathon, une bataille; le savoir permet effectivement de saisir l'instant, le petit bonheur et d'y puiser infiniment la force qui nous nourrit et nous fait poursuivre la bataille quoiqu'il en coûte. Petit à petit, on se protège davantage mais pas trop. Se préserver de la peine, c'est aussi se préserver de la source de vie, de l'espoir, de la Force. C'est la raison pour laquelle, comme l'écrit Elisabeth, je crois qu'il faut réserver l'indifférence aux choses qui nous sont inutiles, qui ne nous nourriront pas.

Etre vivant, c'est être attentif et recevoir la douleur comme on reçoit les bonheurs : une nourriture physique et psychologique pour la suite. Pour qu'il y ait une suite;

Amicalement,
D.

DM

PS : je pars en vacances cette nuit, si je ne poste plus de réponses dans les 2 semaines, ça signifie juste que je n'ai pas pu lire;
Elisabeth, à bientôt quoi qu'il en soit et profite de ce moment unique qu'est un mariage; C'est devenu tellement controversé qu'on peut en faire une bulle de joie et le noyau d'une intimité de couple inédite.

Bonheur !

D.

Maud

Pour une fois, c'est moi qui dirait ce que nous explique souvent Elisabeth: ses textes ne sont pas forcément autobiographiques, et j'aime à croire que celui-là ne l'est pas.

Forcément, il est inspiré de ressentis, d'un peu de vécu peut-être, mais pas fatalement de sa vie actuelle.

Oui, nous sommes souvent déçus. Oui, Elisabeth à vecu plus que son lots de malheur, mais non, je ne dirait pas qu'elle est pessimiste.
Je ne connais personne plus sage et sachant voir comme Elisabteh les voit les petits bonheurs de quotidiens.
Son regard est toujorus apaisant, ses mots réconfortants.

C'est pourquoi tout me pousse à croire qu'il ne s'agit ici pas d'un texte autobiographique.

N'est ce pas Elisabeth?????

E

Merci à tous les trois pour vos mots, je pense effectivement que mes écrits me ressemblent.

Hier soir mon homme m'a dit:
"J'aime ton côté triste..."
Que répondre à cela?

Non mes textes ne sont pas le reflet de mes journées, ils sont mon passé, mes souffrances, mes bonheurs, mes désillusions, celles de mes proches.
Je me confonds avec chacun.

Rassures toi Delphine:) mon mariage sera Unique et magique parce que Mon homme est mon plus fidèle ami depuis bientôt 18 années... Et qu'il aime ce que je suis, comme je suis sans fard, sans faux semblants. Il me voit rire ou pleurer, et il sait... Et moi je sais que rien n'est acquis...

Je me rends compte combien je livre de moi au travers de mes maux... Mais j'espère surtout le partage, merci à Vous qui osez me répondre et me rappeler chaque jour que nous sommes tous semblables face à l'amertume, la peine mais aussi à l'espoir.
Plein de belles choses!

Eric L.E.

Bonjour Elisabeth,

Je te lis à l'instant, au détour d'une virée ou d'une autre (en vacances sans être vraiment partis, nous divaguons : piscine de Maurepas, de Houdan, d'Orsay ; Ouistréham hier, sans doute la Belgique le week-end prochain pour le festival du théâtre de rue - des choses simples et revitalisantes, ensemble) et avais envie de te mettre un mot pour... pour... enfin ! rien (j'aurais sans doute aimé écrire ce que tu as dit ici, dans ce billet précis), je crois simplement que malgré tous les loupés, les espoirs déçus, les énergies contradictoires qui nous habitent, l'humain au comportement de plus en plus piloté par quantité d'arc-réflexes mercatiques, il faut absolument éviter le pire écueil qui soit, à mon sens : le cynisme et l'aigreur.

Et quand ceux-ci se présentent, il faut résister sans concession, frapper fort, un seul coup : péter cette "putain" (rare dans ma bouche, mais d'autant plus significatif) d'armure-en-faux, à trouver l'être en dessous, au risque même de se prendre quelques coups au passage : peu importe ! les cicatrices ne tuent pas, moins que les hémorragies internes, invisibles, contenues, les plaies béantes, en dedans, comme une agression à sa propre joie, sa capacité à encore donner quelque chance à l'autre de nous donner quelque chance...

Et puis, il y a la pudeur, pas celle du corps, l'autre, plus fondamentale... qui participe à la justesse autant qu'à l'incommunicabilité du fond de soi, qui parfois pousse à se trouver une posture ou une autre - comment dire - pour "donner le change", se protéger, un peu : mais, un jour, il faut parler, écrire... Et c'est un risque, car, en face, l'autre n'est pas toujours à un stade de développement compatible (peu être encore cynique, déjà ou prématurément aigri)... Il faut payer (de soi) pour voir !

Banco !

ric

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