photo copyright Franck Prignet
Tour à tour illustratrice, scénariste pour une émission enfantine, journaliste et chroniqueuse, Agnès Abècassis semble croquer la vie avec le sourire et un humour débordant !
Ses livres colorés, son imaginaire et sa plume font d’elle une artiste incontournable !
-Comment vous êtes-vous mis à l'écriture ? Qu’est-ce qui vous a poussé à coucher des histoires sur le papier ? Le vécu, l’imaginaire ?
J’ai toujours écrit. Listes de courses, mots d’excuse pour l’école, chèques…ça fait bien longtemps que la calligraphie des lettres n’a plus de secret pour moi. Et puis un jour, j’ai découvert le clavier et compris qu’avec un peu d’astuce (en mémorisant les touches), on pouvait aller beaucoup plus vite. Rapidement, mes listes de
commissions sont devenues trop étriquées, trop monotones, il me fallait de plus grands espaces, de la page blanche…alors je me suis mise à écrire des livres.
-Quelle est votre méthode de travail ? Vous préparez un plan, des fiches avec les personnages, savez-vous toujours où vous allez ? Le temps que vous consacrez à écrire ?
J’ai une méthode de travail complètement révolutionnaire (et à peine croyable).
Mais bien entendu, pour des raisons de concurrence entre auteurs, vous comprendrez que je ne la dévoile pas…
-Comment vos proches vivent le fait d’avoir un auteur comme parent, ami ?
Ils sont contents, ils ont des livres gratos. (Les miens)
-Lorsque vous écrivez, faites-vous relire à des proches au fur et à mesure? Est-ce que leurs réactions, réflexions peuvent vous amener à modifier le cours de votre développement?
Je ne fais relire qu’à une seule personne, c’est mon mari. Ses conseils (obtenus au compte goutte et après moult supplications : il ne veut pas influencer mon écriture !) me sont très précieux, car c’est la seule personne de mon entourage à avoir, en plus de vraies qualités rédactionnelles, un regard impartial sur ce que j’écris. Je ne lui donne rien à relire au fur et à mesure, car il y a de nombreuses réécritures à faire avant d’obtenir des pages montrables. Je ne lui donne le manuscrit qu’à la fin, et là…c’est un moment de grande angoisse pour moi ! Planquée (plus ou moins discrètement) près de lui, j’observe la contraction de chaque muscle de son visage, guette la moindre ébauche de sourire sur ses lèvres (qu’il retient, par pure cruauté mentale), et quand, sans le faire exprès, il lâche un gloussement, je lui saute dessus en lui demandant « où ça ?! Dis moi la ligne qui t’a fait rire, c’est quel passage ?? ». Evidemment, je peux toujours m’accrocher, il ne me dira rien. Juste son opinion globale, à la fin.
-Vous vivez de vos écrits ?
Aujourd’hui oui…enfin, toutes proportions gardées. Pour la villa avec piscine, il va me falloir attendre encore quelques romans !
-Vous pourriez écrire un autre genre que le roman comédie ?
Oui, sans doute… j’aimerais bien m’essayer au théâtre, par exemple. Ou à la bande dessinée.
-Que pensez-vous de la publication en ligne ?
C’est mieux qu’en colonnes, non ?
-Que pensez-vous du négriat littéraire ?
C’est une bonne façon de conserver son anonymat.
-Que pensez-vous des séances de dédicaces ?
Imaginez la joie du chien, resté enfermé dans l’appartement de ses maîtres toute la journée, lorsqu’arrive le moment de son unique promenade quotidienne. A l’échelle humaine, ça donne l’écrivain : des mois à bosser sans voir personne, puis enfin, arrive le moment de la promo. L’excitation est assez comparable.
Plus sérieusement, pour une fille plutôt farouche comme moi, les séances de dédicaces sont une véritable thérapie. Une cure de sourires donnés et reçus, un carburant de motivation pour mes romans à venir. Je discute énormément avec les lecteurs, c’est très instructif et donc très important pour moi d’avoir leur ressenti sur mes histoires.
-Comment avez-vous commencé l’illustration ?
Très simplement : en prenant une feuille et un crayon.
-Vous avez un site sublime et un blog personnel et efficace de drôlerie, pour vous le net c’est indispensable ?
Indispensable, non. Utile et convivial, oui.
-Trouvez-vous encore le temps de lire?
Clairement ! Il est inimaginable pour moi de rester plus de quelques heures sans lire.
-Quels sont les auteurs que vous admirez ? Votre livre de chevet ?
Trop, trop trop pour tous les citer. Avant, je le faisais, maintenant j’ai arrêté parce que ça me frustre d’en oublier. D’une façon générale : les bons livres (tous genres confondus) captivants, dont l’histoire ne donne pas envie de se pendre après.
-Côté musique, quels sont vos coups de cœur du moment ?
Très exactement la musique qu’écoute ma belle-fille, une ado de quinze ans. Le rap en moins.
-Si vous n’aviez pas pu être édité, auriez-vous continué à écrire malgré tout ?
Oui, sans doute, mais à minuscule échelle : juste pour faire rigoler mes copines. Pour la gloire, je me serais sans doute rabattue sur un autre moyen d’expression. Le chant étant une des options prévues, vous l’avez échappé belle (dixit mon mari).
-Pouvez-vous nous parler de votre dernier ouvrage ? Votre actualité ?
Mon actualité, c’est « Toubib or not toubib », une histoire déjantée qui se déroule dans le milieu médical. Ca reste bien sûr une comédie, mais avec une touche de suspens en plus. Et puis je travaille sur d’autres projets, dont je ne peux rien dire actuellement parce que c’est trop tôt. Enfin, j’ai quelques signatures de prévues, annoncées dans la rubrique « actualité » de mon site internet.
-Et sinon, êtes-vous une femme heureuse ? Il vous reste des rêves à accomplir ?
S’il me « reste » des rêves à accomplir ? Pourquoi, j’ai l’air d’avoir quatre vingt ans ? :)
(Quoique, même à cet âge là, avec quelques gorgés d’une bonne bouteille de Coca-Cola…)
Retrouvez Agnès plus vraie que nature: là!
Bibliographie :
- Toubib or not Toubib (ed. Calmann-Levy)
- Au secours, il veut m’épouser ! (ed. Calmann-Levy et Le Livre de Poche)
- Les Tribulations d’une jeune divorcée (ed. Fleuve Noir et Pocket)
Photo copyright Philippe Matsas pour l'agence Opale
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